Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/127

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y ait que l’érosion a produit la cavité en question, ou que le cratère soit tout simplement une dénudation de la partie bombée d’une série de dépôts en stratification conforme.

Toute direction d’un fleuve ou d’une rivière pourra être confondue avec une faille, quoiqu’on sache bien que dans les plaines la place du lit des rivières est déterminée souvent par des accidens bien différens, tels que des amas d’alluvions, etc.

Si certains lits de rivières décrivent des zigzags plus ou moins marqués, on y verra des entrecroisemens de failles, tandis qu’en allant sur les lieux on verrait peut-être que de petits accidens locaux, des bancs de galets, des érosions, la direction principale des courans ou des fendillemens, ont produit ces directions diverses.

Ainsi, par exemple, le Rhône, de Lyon à la Méditerranée, et le Danube de l’est à Semlim, suivant la direction nord et sud, appartiendraient aux accidens du système nord et sud de soulèvement antérieur à la fin des derniers dépôts tertiaires. Or, si M. de Beaumont peut établir cette conclusion pour le Rhône, quelles preuves peut-il en donner pour le Danube, qui coule dans une plaine sableuse et alluviale ?

De même les fentes de Windisch-Kappel et du Leobel en Carinthie, qui vont du nord au sud, seraient de l’âge de la faille du Rhône, tandis que ces fentes dans le sol intermédiaire et jurassique sont probablement postérieures au dépôt crayeux, ou du moins à tout le sol tertiaire, puisque les roches tertiaires les plus récentes couvrent les plaines voisines sans entrer le moins du monde dans ces profonds sillons.

Comme les vallées transversales ou les fentes du petit Harz polonais courent du nord au sud, on pourrait encore placer ce fendillement d’un sol intermédiaire sans intervention de dépôts tertiaires, dans l’époque de la formation de la faille du Rhône.

Les données géologiques pourront aussi être employées sans critique rigoureuse, comme on l’a fait jadis pour tracer des lignes de volcans ou des zones volcanisées dans un continent ou sur tout le globe entier. Si ces tracés étaient justes, ceux offerts par plusieurs auteurs devraient correspondre ; or il n’en est point ainsi, parce que l’imagination a été surtout en jeu.

De même, en déterminant des époques de soulèvement d’après la distribution géographique des roches d’un pays, l’on peut trouver facilement à flatter une idée favorite, au risque de s’égarer aussi aisément dans le précipice des erreurs.