Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suffisant pour produire un cratère de soulèvement de cette dimension.

D’un autre côté, la partie méridionale de l’île est occupée par une montagne composée de calcaires grenus et de schistes argileux qui formaient le noyau primitif et fondamental de l’île. Cette montagne, qui atteint au moins à trois fois la hauteur de l’escarpement trachytique, est dirigée, suivant M. le colonel Bory de St-Yincent, du N.-N.-O. au S.-S.-E., ce qui est la direction de la plupart des îles de l’Archipel. Ce massif de roches primordiales ne paraît nullement avoir été accidenté dans le sens que supposerait le relèvement d’un cratère de soulèvement ; les roches volcaniques sont venues, au contraire, couvrir toute sa base.

Tout semble donc démontrer que Santorin, Therasia et Aspronisi (l’Ile Blanche) faisaient partie du seul et même cratère d’éruption d’un volcan encore aujourd’hui brûlant, dont les actions puissantes paraissent avoir perdu de leur intensité première et ne se manifestent plus qu’à de longs intervalles. Le grand cône du volcan a sans doute été détruit à la suite de quelque grande catastrophe, comme le sommet de l’Etna le fut à la suite d’un violent tremblement de terre, lors de l’irruption de 1444 il ne resta qu’un immense cratère dont on voit encore une partie du segment près de la Casa Inglese ; depuis, le cône de l’Etna s’est en partie rétabli au milieu de ce cratère ; celui de Santorin tend aussi à se rétablir, mais beaucoup plus lentement.

Il est probable que l’affaissement qui a détruit la partie conique du volcan de Santorin a eu lieu à la suite de la déjection puissante qui l’a recouvert de toutes parts et qui a formé cette couche de conglomérat blanc de 40 à 50 pieds de puissance qui forme aujourd’hui la surface des trois îles. L’on peut bien supposer que le volcan, en quelque sorte épuisé par ce dernier et grand effort, s’est tout-à-coup affaissé, pour ne plus faire sentir que faiblement et de loin en loin son action toujours agissante.

La rupture d’une partie de sa circonférence s’explique aisément par une dénudation semblable à celle qui a fait disparaître l’île Julia, et cela semble d’autant plus rationnel, qu’elle a eu lieu dans la partie la plus étroite et la plus basse, celle qui présentait peut-être déjà une échancrure du cône et précisément du côté N.-O., qui était le plus exposé à la fureur des flots. Les vagues auront détruit avec d’autant plus de facilité des roches aussi friables que le sont les tufs et les agglomérats, que probablement dans cette partie ils n’étaient point associés à quelque coulée de trachyte