Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/299

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toutes les hauteurs, même jusque vers la partie supérieure terminée par un immense dépôt d’agglomérat trachytique blanc qui a couvert la surface totale du volcan ; c’est lui qui dessine l’espèce de couronne qui règne dans tout le pourtour et forme le sol, aussi bien d’Aspronisi et de Therasia que de Santorin. C’est encore cet agglomérat tufacé blanc, que jusqu’à présent tous ceux qui ont parlé de Santorin ont regardé comme de la pierre ponce ; ce qui a fait dire que cette île était toute couverte de pumite, tandis qu’il n’y en a réellement pas. Il contient des fragmens d’un trachyte brun qui se distingue des trachytes ordinaires par une texture granulaire, ressemblant souvent à certains minerais de fer oolithique à grains fins. Employé par les habitans à construire des murs de clôture, il dessine sur la surface du sol une suite de lignes noires qui tranchent avec son extrême blancheur.

Le fait bien constaté de la présence des coulées trachytiques, au milieu des agglomérats qui constituent Santorin, Aspronisi et Therasia, suffirait déjà, je pense, pour faire rejeter l’idée d’un cratère de soulèvement. Mais si l’on observe que les couches qui forment le sol de ces trois îles se relèvent sous un angle peu incliné, de la circonférence où elles plongent dans la mer, vers le centre où elles forment l’escarpement à pic qui dessine tout le cintre du cratère, et cela sans que la surface de Santorin, qui forme à elle seule plus des deux tiers de la surface totale du volcan, présente la moindre trace de dérangement ou de dislocation ; que, d’un autre côté, l’escarpement intérieur, suivant les mesures barométriques que nous en avons prises, ne s’élève pas à moins de 750 pieds au-dessus du niveau de la mer, qu’il plonge au-dessous à plus de 1000 pieds de profondeur ; l’on concevra difficilement comment une semblable masse de plus de 1700 à 2000 pieds de puissance, car il faut bien tenir compte des attérissemens qui ont dû se former au fond du cratère, aurait pu être soulevée assez violemment pour présenter un vaste cratère de soulèvement, sans que sa surface ait été sillonnée de toutes parts par des fractures divergentes du centre à la circonférence, comme MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy, d’après l’intéressant mémoire qu’ils nous ont lu à la dernière séance, l’ont constaté pour le Cantal et le Mont-d’Or. À moins cependant que l’on ne veuille considérer l’espace qui sépare les trois îles comme des fractures résultant d’un soulèvement ; mais dans ce cas il resterait toujours plus des deux tiers de la circonférence qui n’aurait été ni brisée, ni disloquée, ce qui est peu compatible avec l’idée d’un soulèvement