Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/302

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de la mer fut tel à la première éruption, que les vagues s’élevèrent dans l’île de Nio, distante d’environ 4 lieues, à plus de 50 pieds au-dessus des rochers ; qu’elles s’avancèrent de plus de 350 pas dans l’île de Sikino, qui en est à 7 lieues ; qu’elles rompirent, sans être agitées par aucun vent, deux navires et plusieurs barques dans le port de Candie qui en est à plus de 25 lieues ; qu’enfin elles ravagèrent plus de trois cents arpens de terre dans l’île de Santorin, y renversèrent deux églises, et mirent à découvert de chaque côté de la montagne de Saint-Étienne, deux bourgs qui avaient sans doute été engloutis par des déjections incohérentes, par suite de quelque autre éruption semblable.

Enfin de 1707 à 1709 naquit entre la Vieille et le Perite Kaïmeni, une troisième île qui fut appelée Neo-Kaïmeni (la Nouvelle Brûlée) ; elle se composa d’abord de deux îles bien distinctes ; la première qui parut fut l’île Blanche, nommée ainsi à cause de sa couleur. Elle était composée d’un seul bloc d’une pumite remarquable par sa grande porosité et son extrême légèreté ; c’est le seul point où j’ai rencontré de la véritable pierre ponce ; elle y est en grande partie recouverte par les déjections trachytiques sorties par le cratère qui est venu s’y adosser. La seconde île, qu’on nomma l’île Noire. se composait d’abord de nombreux rochers de trachyte brun, qui se réunirent bientôt en un seul. Lorsque ces deux îles se furent jointes par des accroissemens successifs, il se forma au milieu un cratère d’éruption qui a élevé son cône à 330 pieds au-dessus du niveau de la mer, et par lequel il y eut des coulées de laves et de nombreuses déjections de matières incandescentes. En 1711 et 1712 l’éruption continuait encore et reprenait à des intervalles plus ou moins rapprochés.

Ce cratère, avec celui de la Petite Kaïmeni établissent donc deux canaux de communication directe de l’atmosphère avec le foyer intérieur du volcan, ce qui ne permet pas, comme on a voulu le faire, de le séparer des volcans ordinaires ; comme l’île de Milo, par exemple, dont on a voulu aussi, guidé par la forme de fer à cheval qu’elle présente, faire un cratère de soulèvement. Quoiqu’elle contienne des trachytes produits, non par éruption, mais par un simple soulèvement, elle doit plutôt être considérée comme une île volcanisée, que comme un volcan proprement dit, car la plus grande partie de son sol appartenant aux roches primordiales, comme on peut encore s’en assurer dans la partie sud, a tellement été altérée par l’action des feux et gaz acides, que les roches en seraient tout-à-fait méconnaissables si l’on ne pouvait, à l’aide de la continuité des couches, arriver jusqu’aux