Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/303

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qu’aux endroits non altérés. Ce sont maintenant des tufs légers, friables, conservant encore quelquefois la structure schisteuse, ou bien des roches siliceuses passées à l’état de jaspe ; c’est parmi celles-ci que se trouvent les belles pierres meulières, dites de Milo, qu’on exploite dans l’île, pour les transporter ensuite dans toute la Méditerranée. Le sol de cette ile est encore aujourd’hui brûlant sur un grand nombre de points, et il s’y forme journellement du soufre, de l’alun de plume, du gypse, etc.

Je ne puis terminer ce qui concerne les petites îles nouvelles du golfe de Santorin sans signaler à l’attention des géologues un fait très curieux qui peut venir à l’appui des soulèvemens lents et progressifs ; c’est la naissance prochaine d’une quatrième petite île, qui s’élève très lentement, depuis nombre d’années, entre la Petite Kaïmeni et le port de Phira de Santorin ; elle était encore, il y a vingt ans, a 15 brasses au-dessous du niveau de la mer ; en 1830 lorsque nous visitâmes Santorin, M. le colonel Bory et moi, elle n’en était plus qu’à 3 1/2 et 4 brasses. Des sondages faits avec le plus grand soin ont fait reconnaître qu’elle se composait d’une roche très dure, probablement trachytique, et qu’elle avait environ 800 mètres de l’est à l’ouest, et 500 seulement du nord au sud. Le fond augmente graduellement au nord et à l’ouest depuis 4 jusqu’à 29 brasses, et à l’est et au sud jusqu’à 45 ; après cette limite on trouve tout autour un très grand fond. Cette nouvelle île s’élève donc, non comme un champignon, mais comme le ferait un bouchon qui serait lentement chassé par la fermentation d’un liquide. Il est probable que si l’accroissement continue, elle apparaîtra au jour sans commotion et sans être accompagnée de déjections, ou bien s’il doit y en avoir, elles se feront par la partie inférieure, car il n’est guère présumable que les matières rejetées viennent se faire jour à la partie supérieure de cette espèce de colonne solide.

Puisque j’ai signalé quelques erreurs qui avaient pu faire regarder l’île de Santorin comme un type de cratère de soulèvement, je profiterai de cette occasion pour en relever une autre qui a été commise relativement aux volcans de la Grèce en général, c’est celle qui les a fait regarder par le même M. de Buch comme le seul exemple que nous ayons en Europe de volcans en ligne. J’ai cherché à faire concorder cette opinion, qui ne repose aussi que sur des renseignemens inexacts ou incertains, avec les faits ; mais j’ai vainement suivi les différens points volcaniques, ainsi que ceux. où il se produit des phénomènes résultant d’actions volcaniques, sans pouvoir tracer aucune ligne bien déterminée qui pût s’accorder