Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/309

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distinguer les parties qui se trouvent encore dans leur position primitive.

« En général, ce dépôt est formé par une espèce d’huîtres assez commune sur les côtes de la Méditerranée, et un peigne de petite dimension que je crois être le pecten variabilis. Les valves de ces coquilles sont presque toujours en connexion, mais le test est devenu très friable, quoique les couleurs soient bien conservées. Ces huîtres ne semblent pas avoir vécu dans les lieux où on les trouve actuellement, mais avoir été accumulées et stratifiées par le mouvement des vagues.

« Voilà donc ainsi le témoignage irrécusable du dernier séjour de la mer sur nos continens.

« Pendant la domination romaine toutes les plaines basses de la vallée de l’Aude étaient sous les eaux d’un lac que Pline appelle L. rubrensis, Strabon, narbonnites. et Mela, rubresus ; ce lac recevait toutes les eaux de l’Aude et les transmettait à la mer par une embouchure étroite. Aujourd’hui, et par suite de la quantité immense de limon que charrie l’Aude dans les fortes crues de cette rivière, cet ancien lac a été en grande partie altéré et subdivisé en plusieurs lacs moins considérables qui portent différens noms.

« Tout fait présumer que l’ancien lac Rubresus était assez salé pour que les mollusques marins pussent l’habiter, mais cependant je ne pense pas que les coquilles du dépôt qui nous occupe aient vécu à cette époque : elles sont beaucoup plus anciennes, car pendant la domination romaine le niveau des étangs et de la mer devait être le même qu’aujourd’hui.

« Malgré ce que je viens de dire, je pense que depuis l’apparition de l’homme à la surface du globe, les eaux de la mer ont été élevées de 50 pieds au moins au-dessus du niveau actuel ; le mélange dans les mêmes couches de poteries et de coquilles marines constaté par M. de La Marmora et plusieurs autres observateurs dans l’Italie et la Sicile, etdont j’espère publier bientôt un nouvel exemple, ne laisse aucun doute à ce sujet.

« Avant de terminer ces observations, je crois devoir faire remarquer que les dépôts modernes de coquilles que j’ai observés jusqu’à aujourd’hui, quoique très voisins des terres salées, ont depuis long-temps été lavés par les eaux pluviales ; mais la ville de Narbonne étant environnée de vastes plaines qui ont conservé leur salure originelle, je tâcherai de voir si les huîtres qui sont dans ce terrain ont conservé leurs parties animales. »

M. Texier dit avoir observé, près de l’étang de Berr, des