Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/343

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nombreuses, très minces, rarement épaisses, de calcaires compactes lithographiques, lie de vin et verts, gris de fumée, jaunâtres, blancs rougeâtres, traversés de nombreux filons spathiques, et renfermant beaucoup de jaspes et de silex, rouges, noirs, gris clair, et en couches séparées, ou en lits et nodules, se fondant quelquefois au milieu de la masse calcaire. C’est dans ce grand système que se trouve compris le calcaire friable à dicérates, à nérinées, et autres fossiles des environs de Nauplie, qu’on considérait naguère comme caractéristiques du coral-rag, et dont plusieurs sont identiques avec ceux de Saint-Mihel, mais que l’on retrouve également au mont Salève, qui a été reconnu pour appartenir à la craie ; après ce grand système de calcaires compactes et lithographiques qui a une puissance très considérable, vient un autre système non moins puissant de marnes et de grès verts ou macigno, auquel est subordonnée la grande formation des poudingues de la Messénie, qui ne paraît pas exister dans toute l’étendue de la formation. Ce système de poudingues, d’au moins 500 mètres de puissance, est remarquable en ce sens, que, quoique appartenant à la série du grès vert et de la craie, il est entièrement composé des débris de ce terrain ; ainsi, tous les galets de calcaires compactes, de jaspes, de silex, qui composent ses élémens, proviennent des calcaires de ce terrain ; ils sont cimentés par la pâte du grès vert même. Enfin, au-dessus de ce grand étage arénacé, marneux et psammitique, caractérisé par un grand nombre de tiges d’alcyons, quelques empreintes d’écailles de poissons, d’astrées, et par le dentalium quadrangulare Desh., vient un dernier système d’environ 300 mètres de puissance de calcaire blanc et gris de fumée très fétide, à couches épaisses et sans silex ; c’est la scaglia des Italiens ; il renferme quelquefois de nombreuses pisolithes, quelques hippurites, de nummulites très épaisses et ovalaires, des madrépores, et aussi beaucoup de tiges d’alcyons.

« Cette immense formation a été relevée en totalité par le système pindique, dirigé N. 24 à 27° O., qui correspond à celui du mont Viso, dont M. Élie de Beaumout place l’époque de soulèvement entre les deux étages de la craie ; en sorte que, malgré l’énorme épaisseur de ce terrain en Morée, il n’y aurait encore que la craie inférieure ; le système de Gosau, ou de la craie blanche, y manquerait, et les poudingues de la Messénie différeraient de ceux du Mont Perdu, que M. Dufrenoy place à la partie inférieure, de l’étage supérieur du terrain de craie ; il y aurait donc eu en Morée, pendant le dépôt de la craie inférieure, une dislocation qui aurait donné lieu à la formation des poudingues ; mais elles nous a échappé,