Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/427

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redressemens, et étudiant les sables et les galets ou poudingues des roches perpendiculaires gemmifères du Chéran, enfin, les traces de cette érosion qui a si profondément imprimé son surgissement dans les masses calcaires de ces montagnes, Dolomieu, mais avec réserve, hasardait de son côté l’opinion que bientôt ce serait peut-être dans la puissante et énergique action des feux souterrains qu’on en rechercherait la cause.

« Tel est le fait que je voudrais établir ; tel était mon but, dit M. de Thury ; faire voir la part que ces deux illustres géologues ont dans l’opinion généralement adoptée aujourd’hui sur les soulèvernens, les redressemens et leur cause première.

Après avoir fait ce rapprochement des opinions de de Saussure et Dolomieu, M. de Thury rend compte de ses recherches sur les sables aurifères du Chéran, qui, du moment qu’il eut constaté les grands amas de roches primordiales plus ou moins altérées, perdirent à ses yeux ce caractère étranger au pays qu’il leur avait d’abord supposé, à cause du fer oxidulé octaèdre, du Titane, de l’or et de toutes les gemmes qui s’y trouvent. C’est dans les angles, les anses, les coudes de la vallée du Chéran que se trouvent particulièrement les gîtes de sables aurifères.

« Ainsi, sans rechercher l’origine des paillettes d’or du Chéran dans les cavernes de Cusy, comme le supposent les orpailleurs du pays, et dont la nature du calcaire crétacé en exclut toute possibilité ; on vérifie cependant les observations journalières de ces orpailleurs, la connexité de la présence de ces sables et de ces cavernes, puisque ce n’est réellement qu’au-dessous de leur entrée, à la descente des Beauges que l’on commence à reconnaître dans la vallée du Chéran les grands dépôts de galets, de poudingues et de grès, à la décomposition desquels paraissent devoir se rapporter ces sables.

« Cette opinion, dit M. de Thury, ne laisse plus aucune chance pour la supposition de l’action volcanique, qui aurait rejeté ces sables gemmifères des entrailles de la terre ; cependant il n’est pas impossible de reconnaître quelques indices, quelques effets de cette action :

« 1o  Dans la présence et l’altération de certains blocs de roches qui se trouvent dans les poudingues ;

« 2o  Dans celle de quelques cristaux vitrifiés de ces sables ;

« 3o  Dans cet état de carbonisation des bois qui se trouvent dans les grès micacés ; d’ailleurs, il restera toujours de hautes et puissantes probabilités, à l’appui du surgissement de ce grand courant acide, auquel Dolomieu pensait que peut-être un jour on