Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/426

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ne sont plus que les restes d’une mine autrefois très riche. Telle est la tradition : il fallait y chercher la vérité.

« En remontant la vallée du Chéran, vers le Chetlaire, chef-lieu du canton des Beauges, ce torrent ne présente que du sable et du gravier calcaire. À cet égard, les orpailleurs ont donc raison ; mais est-ce un motif pour admettre que les sables aurifères aient été rejetés par le grand courant, qui aurait surgi de l’intérieur de la caverne ? Quelles peuvent en être les preuves ? Au-dessous du pont de Cusy, la vallée s’élargit, le calcaire disparaît sous des dépôts de sables, de graviers et de galets. « Là, dit M. de Thury, je reconnus, comme Dolomieu, des roches primordiales plus ou moins altérées, dans les galets de protogyne, de siénite, d’euphotide, de diorite, de diabase, de quarzite, de talcschiste, avec du fer oxidulé noir. Dans quelques endroits ces galets agrégés par un sable siliceux forment des bancs ou plutôt des amas irréguliers de poudingues déposés sur des grès coquilliers tertiaires, qui contiennent ça et là des couches de jayet ligniforme et des bois fossiles carbonisés, plutôt que bitumineux. Près d’Alby, ces grès sont en couches verticales de plus de 60 mètres de hauteur, entremêlés de bancs de graviers ou de poudingues de 0,25 à 0,30, et recouverts au sommet par des assises horizontales de sables et de cailloux, formant un poudingue grossier d’une nature bien différente.

« De Saussure, dans son premier voyage à Annecy, avait reconnu cette double formation de grès et de poudingues, et la disposition de ces couches de grès tertiaires verticales, recouvertes des poudingues de galets primitifs en couches horizontales. Il fit un voyage pour vérifier ce fait au sujet duquel il dit que les couches de la masse inférieure ont dû être redressées par une cause postérieure à leur déposition, et qu’ensuite elles ont été recouvertes par cette seconde formation en couches horizontales. Je suis convaincu, ajoute M. de Saussure, que cette situation ne peut être l’effet d’un simple affaissement ; il faut nécessairement supposer un refoulement en sens contraire, qui aura brisé et redressé ces couches originairement horizontales.

« Qui ne sera frappé, dit M. de Thury, de cet accord et de ce rapprochement dans la manière de voir et de juger des deux savans qui ont le plus contribué aux immenses progrès de la géologie ? Dès 1785, de Saussure, mais sans en déterminer la cause première, établissait l’opinion des refoulemens et des redressemens des masses de contreforts des Alpes, et quelques années après, Dolomieu, parcourant le même pays, visitant ces mêmes