Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/539

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ignées, car on comprend que, composées des mêmes élémens, leur variété ne dépend que du groupement différent de ces dernières, groupement dépendant de beaucoup de circonstances de localité, d’affinité chimique, de température et d’état électrique. S’il fallait des exemples, je citerais le remplacement des euphotides par les sélagites, les passages des diorites à la serpentine et au pyroxène en roche, des éclogites aux amphibolites, etc.

Néanmoins, je ne vois pas qu’on ait encore trouvé quelque part un passage incontestable du porphyre pyroxénique au granite, et j’ose révoquer en doute celui de Predazzo.

Enfin, une autre déduction qu’on peut tirer des apparences du mont Ena, c’est qu’au-dessous du terrain talqueux du Vicentin, il y a des schistes encore plus cristallins ou modifiés, dont la roche ignée concomitante est granitoïde. Ce sont, en un mot, les mêmes roches que celles de Cimadasta, groupe schisteux percé par un granite comme celui de Predazzo, environ dans la période où se déposèrent les grès rouges, appendice du porphyre quarzifère.

D’après M. Pasini, les rognons de silicate de manganèse (la prétendue épidote manganésifère) se trouvent non loin de masses ignées, dans le calcaire jurassique de Civillina, et non pas dans le muschelkalk, comme l’a prétendu M. Maraschini.

De beaux exemples de muschelkalk, changé par un filon porphyrique en marbre fin blanc à veinules noirâtres, se trouve au pied des montagnes à Grumoriondo. Du calcaire jurassique magnésien semblablement modifié a été remarqué par M. Pasini près de Rovegno et d’Arciero. Les grès bigarrés altérés sont plus communs ; il y en a de beaux exemples à Santa Catharina.

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Au sujet des lignes de petites cavernes qui se trouvent beaucoup au-dessous du niveau de la mer, dans les calcaires compacts que M. Boué a reconnus aux environs de Nice et de Menton, M. Boblaye rappelle qu’il a signalé en Morée plusieurs étages de cavernes qu’il a regardés comme autant de rivages successifs, et qu’il a expliqué l’érosion de la plupart des calcaires de cette contrée par l’action de l’aura maritima, action qui s’exerce encore aujourd’hui à une assez grande distance de la mer. Il pense qu’en comparant les surfaces des anciens monumens qui ont été plus ou moins altérés par cette action, il serait peut-être possible de calculer le laps de temps qu’il a fallu dans certains cas pour produire ce phénomène.

M. C. Prévost ajoute qu’il a observé les mêmes faits eu Sicile, et qu’il les regarde aussi comme les traces d’anciens rivages.