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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/538

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il est décomposé en une masse violâtre, ou jaune-brune, comme la pâte dont nous avons parlé plus haut.

Accompagné dans cette course par M. Pasini, je pus m’assurer que ce porphyre pyroxénique n’était qu’une portion de l’immense filon qui se prolonge à l’ouest dans le val Zuccanti, et à l’est dans les montagnes jurassiques et de scaglia. Il me parut que la butte extraordinaire n’était qu’une salbande bizarre et fort épaisse de ce filon porphyrique, qui n’a trouvé que ça et là le moyen de pousser devant lui une masse de débris. Les faits qui confirment cette opinion, c’est la pâte de cette brèche formée sur une échelle de grandeur particulière, et c’est le mélange hétérogène de roches anciennes si diverses, fait dont on ne saurait rendre compte autrement. Enfin, entre cette brèche et les roches secondaires, il y a une salbande étroite d’une nature argileuse, qui n’est composée au fond que des mêmes substances très triturées.

Ainsi, je crois avoir ramené cette curiosité géologique à un fait bien connu, et je suis obligé de rejeter entièrement l’idée de M. Pasini, qui, dans le premier moment d’étonnement, y avait cru reconnaître de l’analogie avec les apparences de Predazzo. Non, il n’y a point là de passage du porphyre pyroxénique au granite, car, dût-on même prendre à la lettre ce qu’on a dit de Predazzo, l’on ne trouverait au milieu du granite ces hornfels, ces quarzites, etc.

D’une autre part, ceci donne bien à penser relativement au passage prétendu du porphyre pyroxénique au granite à Predazzo. Il est évident que le porphyre pyroxénique est sorti dans ce dernier lieu du milieu d’un beau granite schorlifère, puisque ce dernier contient des filons pyroxéniques. Il est aussi certain que les roches porphyriques amygdalaires, et purement pyroxéniques dans le haut de la montagne, prennent dans le bas un aspect granitoïde par la quantité de leur feldspath rouge et blanchâtre, et des taches noires qu’on peut attribuer au mica. Mais il se présente la question de savoir si ces parties granitoïdes sont bien sorties de dessous la croûte du globe avec le reste de la masse, ou si elles ne doivent pas leur nature particulière à ce qu’elles ne sont que du porphyre pyroxénique ayant empâté beaucoup de granite qui, vu le rapport de composition, se seraient fondues avec la matière pyroxénique plus facilement que toute autre roche.

Je reconnais que le porphyre quarzifère passe au granite souvent cellulaire ; les environs du lac Majeur, l’Écosse, l’Erzgebirge sont là pour le prouver. Loin de moi de nier la possibilité du passage du porphyre pyroxénique au granite ; je suis disposé, au contraire, à admettre à priori des passages entre toutes les roches