Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/545

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même avec zèle le plus extrême.Notre société voyageuse était toute composée de nouveaux prosélytes de la géologie, dont l’ardeur a vaincu tous les obstacles. C’étaient MM. le vicomte de Naylies, Ravenaz, Dupays, de Kergorlay, Dumarallach et moi, tous membres de la Société géologique.

« Terrains primitifs. — C’est à Vire que nous avons pu voir la base la plus inférieure de la série géologique. Au milieu de belles masses granitiques se voient de grandes injections euritiques, dont la disposition révèle de grandes actions plutoniques, et permet de pénétrer profondément dans la théorie de ces premiers phénomènes de la vie du globe. MM. Despréaux, Castel et Châtel nous firent visiter des localités très propres pour cette étude. À Nantes, nous pûmes également étudier le terrain granitique massif dans tout son développement. Rien n’est plus intéressant que les carrières de Misery ; d’ailleurs les roches granitiques se voient de tous côtés aux environs de Nantes, et au milieu de la ville même. MM. Lorieux, ingénieur des mines, et Larralde, nous ont beaucoup aidés dans nos recherches sur ces diverses localités.

« Nous avons été assez heureux pour rencontrer quelques uns des minéraux du terrain granitique : la tourmaline, la pinite, la chaux phosphatée, l’andalouzite ou mâcle-rose, le mica à grandes feuilles, le feldspath et le quarz cristallisés, la pegmatite hébraïque, et parmi les substances des filons, la baryte sulfatée rose lenticulaire et trapézoïdale, du zinc sulfuré et du plomb sulfuré au milieu du granit, ce qui est assez rare.

« L’examen de ces diverses localités nous a portés à conclure que le terrain granitique de la Bretagne forme deux séries qui se distinguent nettement par les roches schisteuses qui en font partie. Dans le sud de la Bretagne, le granite est accompagné de micaschiste, de stéaschiste, d’hyalomicte, de quarz en roche et d’amphibolite ; il est généralement privé de phyllades. Dans le nord, au contraire, ce sont des phyllades qu’on retrouve partout avec le granite ; ces phyllades sont presque toujours accompagnées de mâcles et de staurotides. Les autres roches y manquent complètement.

« Terrain de transition. — C’est d’abord à Caen, et guidés par M. de Caumont, que nous avons pu étudier les terrains intermédiaires ; ensuite nous les avons retrouvés depuis Villiers jusqu’à Vire, et sur plusieurs points entre Vire et Rennes, où ils sont explorés par M. Toulmouch, à qui nous devons un grand nombre de renseignemens. Enfin, nous avons pu les observer encore, et presque sans interruption, entre Rennes, Nantes, Nort et Angers.