Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/100

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« M. Lecoq considère le Puy de Crouelle, situé à une lieue de Clermont, au milieu de la plaine, comme un des exemples les plus curieux de ce genre. C’est une butte isolée, composée de débris volcaniques, et de petits fragmens de calcaire quelquefois siliceux. Au sud et au sud-ouest de la petite montagne, on remarque des cavités assez profondes, et généralement horizontales, disposées par gradins depuis le sommet presque jusqu’au pied de la montagne ; les parois en sont lisses, et aussi unies que peut le permettre le grain dont la roche est composée. M. Lecoq pense que ces cavités sont dues à des vagues qui venaient frapper ce monticule. Il rappelle à ce sujet les érosions et les cavernes, quelquefois très profondes, dues aux flots de l’Océan lorsgu’ils viennent frapper des falaises qui peuvent céder à leurs efforts réitérés. Ces cavités de Crouelle auraient la même origine, et leur position étagée attesterait l’abaissement des eaux de l’ancien lac.

« Deux causes, dit M. Lecoq, ont pu concourir à creuser ces cavités d’un même côté : d’abord l’action des vents ; en examinant avec soin la disposition des alluvions volcaniques, on voit que toutes celles qui ont pu être entraînées par le courant d’air sont venues se déposer au nord et à l’est des montagnes ignivomes, en sorte qu’on peut en conclure, avec quelque raison, que les vents régnans à cette époque reculée étaient ceux qui sont encore dominans de nos jours dans cette contrée : ceux du sud et de l’ouest. Les vagues, obéissants l’impression, devaient par conséquent venir frapper la partie sud de Crouelle, et y creuser les cavités que nous y retrouvons aujourd’hui ; des courans ont pu agir secondairement, et il est probable qu’il en existait de puissans avant l’écoulement des eaux de ce grand lac. Un de ces courans est peut-être celui qui a donné naissance à l’Allier, et séparé autrefois deux montagnes qui étaient réunies par leur base ; le Puy de Saint-Romain et le Puy de Coront. La coupure a mis à découvert des deux côtés de petites couches de plâtre au milieu des masses, et leur concordance est telle qu’on ne peut s’empêcher d’y reconnaître une simple activité d’érosion. Aussitôt que ce courant a pu se frayer ce passage, il a dû rencontrer la masse entière du Puy de Saint-Romain, qui a dû faire prendre une direction qui l’amenait au sud-est de Crouelle. Cette seconde cause a dû contribuer à la formation de ces singuliers enfoncemens.

Outre les données que Crouelle présente, pour trouver le niveau des eaux de l’ancien lac, on en trouve de nouvelles dans le dépôt des arkoses immédiatement superposées au granite, et