Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/423

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marneux arénacé, reposant sur de minces strates de marne bleue ; il pourrait cependant se faire que la partie supérieure de ce calcaire (qui, par suite de la position fortement inclinée de ses couches, se trouve près de la mer, où on l’exploite pour la construction du mole de Palma) fût d’eau douce ; c’est apparemment la couche mince qu’on voit au bord de la mer, qui a fait croire que toute la colline de Belver était un terrain d’eau douce ; là aussi, dans les anfractuosités de la roche, je trouvai des traces de brèche osseuse contenant de petits os de rongeurs.

« Le terrain que je nommerai ici quaternaire (un peu différent de celui de M. Desnoyers), et que j’avais déjà eu occasion d’étudier en Sardaigne, en Sicile et ailleurs, se trouve développé à Majorque sur une plus grande échelle ; comme en ces lieux, il repose en stratification discordante sur le terrain tertiaire ; j’y ai observé les mêmes circonstances de gisement, les mêmes variétés de composition qu’en Sardaigne : non loin de la côte, et sur le bord de la mer, où il atteint jusqu’à 20 mètres d’épaisseur, c’est un grès composé de mica et de grains calcaires aglutinés par un ciment calcaire argileux d’un blanc rougeâtre ou jaunâtre ; ce grès est aussi très pauvre en pétrifications, excepté en quelques endroits, où ce n’est qu’un amas de coquilles subfossiles. Il perd sa structure arénacée, et en prend une plus compacte en s’éloignant de la côte vers l’intérieur, il passe alors insensiblement à un calcaire grossier d’eau douce d’un blanc rougeâtre, contenant des hélices et des cyclostomes. Les échantillons que j’ai recueillis des différentes variétés de ce grès ne sauraient, sans leurs étiquettes, se distinguer de ceux que j’ai pris moi-même en plusieurs localités des îles et des côtes de la Méditerranée ; je l’ai également reconnu sur les côtes de la Toscane, comme je le dirai ci-après.

« La chaîne principale de l’île de Minorque court dans un sens différent de celle de Majorque, aussi paraît-elle avoir pris son relief à une autre époque géologique que celle dont nous avons parlé plus haut, c’est-à-dire avant la disposition des terrains tertiaires, qui, à Minorque, ont en général conservé leur position horizontale.

« Le terrain le plus ancien de l’île de Minorque est composé d’un grès lie de vin alternant à plusieurs reprises avec des macignos à grains de quartz et grauwackes. Des ardoises, et du calcaire noirâtre veiné de blanc, il passe ensuite dans sa partie supérieure à un calcaire d’un blanc grisâtre à fucoïdes ; il se lie à la dolomie, qui se retrouvé soit sur les flancs du grès lie de vin, soit sur le calcaire