Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terre sous-marin, avec affaissement d’une partie du rivage.

La notice dans laquelle, rappelant la découverte que j’avais faite des carrières antiques de porphyre vert, j’ai proposé pour cette roche le nom de prasophyre, et prouvé qu’elle n’était autre chose que le célèbre marbre lacédémonien, et l’un des ophites de Pline, a reçu l’assentiment des archéologues, et on peut regarder ce fait de minéralogie ancienne comme démontré.

M. Texier est arrivé à un résultat analogue ; il nous montre, dans son Mémoire sur la géologie des environs de Fréjus, un porphyre rouge antique exploité par les Romains dans les montagnes de l’Esterelle, et désigné aujourd’hui dans les monumens de Rome sous le nom de porphyre égyptien.

Il y a peu de temps encore que l’éloignement, par rapport à la mer, de quelques ports anciens de la Méditerranée, était regardé comme une preuve de son abaissement. M. Texier montre que le port de Fréjus, arsenal maritime des Romains, est aujourd’hui à 1050 m de la mer, et il attribue ce fait à la formation des atterrissemens, et regarde même l’entier comblement du golfe de Fréjus comme un fait probable dans l’avenir, il en sera sans doute ainsi de toutes les profondes anfractuosités de nos rivages, si notre période à une durée suffisante. Les parties saillantes se détruisent, les parties rentrantes sont comblées par les atterrissemens et les alluvions, et nos rivages tendent a former une ligne régulière. Déjà, telle qu’elle est, elle présente, dans la plus grande partie du monde, une régularité bien surprenante aux yeux de celui qui est habitué, comme nous, à dessiner des courbes horizontales à une hauteur quelconque de la surface irrégulière de nos continens.

Dans des considérations sur la géologie des sept Collines, dont nous avons déjà eu occasion de vous entretenir, M. Texier regarde le gouffre de Curtius comme nu grand affaissement survenu dans l’emplacement même d’un cratère, auquel succéda un lac que les Romains nommèrent le lac de Curtius. Suivant l’auteur, le marais comblé, appelé lac de Néron, sur lequel fut établi le Colysée, serait encore un ancien cratère. Ce serait donc sur les bouches de volcans récemment éteints qu’auraient été jetés les fondemens de la Ville Éternelle.

M. Texier voyage aujourd’hui dans l’Asie-Mineure, contrée qui offre de nombreux rapports avec l’Italie méridionale, et qu’il ne tardera sans doute pas à nous faire connaître.

Nous avons déjà eu l’occasion de mentionner beaucoup de travaux, tels que ceux de MM. Desnoyers et de Caumont, où la