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DE L’ASIE FRANÇAISE

Cette dépense d’administration s’élève, en ce qui concerne les douanes, à 21, 67 % du revenu total, et pour l’enregistrement à 16 % environ : ce sont des proportions assez faibles. Les postes et télégraphes coûteront à la colonie 1.478.000 piastres, et ici le rapport que nous indiquions pour le service des douanes, entre le coût du service et les revenus qu’il procure à l’Indo-Chine, se trouve renversé. À ces 1.478.000 piastres de dépenses correspondent seulement 382.000 piastres de recettes. Ce résultat n’a rien qui doive surprendre, étant donné les conditions dans lesquelles le service doit être assuré et le développement relativement restreint des relations postales et télégraphiques dans un pays où les Européens sont peu nombreux.

Au chapitre XV, intitulé Travaux publics, est inscrit pour 1901 un crédit de 3.866.000 piastres. Dans ce chiffre, ne sont pas comprises, bien entendu, les dépenses de construction des chemins de fer, dépenses auxquelles il est pourvu au moyen de l’emprunt de 100 millions que la colonie a été, par une loi du 25 décembre 1898, autorisée à contracter.

Nous passons rapidement sur les chapitres du budget des dépenses qui ont un caractère purement administratif, service judiciaire, service forestier, etc., pour nous arrêter un peu plus longuement sur l’un des chapitres assurément les plus intéressants du budget général de l’Indo-Chine Il s’agit du chapitre XVIII, intitulé Résidences et établissements français en Extrême-Orient. Les 301.000 piastres qui y sont inscrites représentent la contribution de la colonie au développement de l’action française dans l’Asie extrême-orientale, et notamment au Siam et en Chine. Dans le premier de ces deux pays, le gouverneur général compte fonder, au cours de cette année, des postes médicaux analogues à ceux qui existent déjà en Chine, et pour l’entretien desquels il est prévu au budget de 1901 25.000 piastres contre 15.500 en 1900. Ce chapitre contribue encore à l’entretien d’écoles françaises dans les pays limitrophes de la colonie et assure la participation de l’Indo-Chine aux dépenses des consulats français d’Extrême-Orient. C'est comme le budget des affaires étrangères de la colonie ; ce sont les dépenses qui pourvoient à sa vie de relation, en tant que puissance d’Extrême-Orient.

Il nous reste, pour terminer l’examen des principales charges du budget de l’Indo-Chine en 1901, à dire quelques mots du chapitre intitulé Dettes remboursables par annuités ; chapitre auquel sont inscrits des crédits dont l’ensemble s’élève à 3.182.823 piastres. Sur ce chiffre, la part de l’Indo-Chine dans l’annuité de l’emprunt de 80 millions de francs contracté en 1896 par le protectorat de l’Annam et du Tonkin s’élève à 750.000 piastres et l’annuité de remboursement du capital de construction du chemin de fer de Saïgon à Mytho, à 131.573 piastres. La différence, soit 2.601.250 p. (6.243.000 francs), représente l’annuité de remboursement de l’emprunt de 200 millions de francs. Il n’a été jusqu’à présent réalisé, sur ces 200 millions, qu’une somme de 50 millions ; mais il faut prévoir des réalisations nouvelles à bref délai et la somme inscrite au budget de 1901 représente, pour éviter toute surprise, l’annuité normale d’un emprunt de 150 millions. Il convient à ce propos de faire observer que ce chiffre de 6.213.000 francs se rapproche sensiblement de celui qui représente l’annuité d’un emprunt de 200 millions, soit 8.324.000 francs. L’écart entre les deux est d’environ 2 millions de francs, et il est à supposer, si le budget de 1900 et les suivants s’exécutent dans des conditions aussi favorables que les précédents, que l’inscription au budget de l’Indo-Chine d’un crédit égal à cette somme pourra être effectuée sans compromettre l’équilibre des finances de la colonie.

Nous avons rappelé, au début de ces notes, les chiffres globaux des budgets antérieurs et l’on n’aura pas manqué de remarquer la progression rapide du budget général qui, en deux ans, est passé de 17 à près de 23 millions de piastres. C’est un accroissement de 3 millions de piastres par année en moyenne. Il peut être intéressant de comparer rapidement le budget de 1901 à celui qui l’a précédé et d’indiquer en passant sur quels chapitres portent les principales augmentations.

C’est aux budgets des services militaires et des travaux publics que nous trouvons les majorations les plus importantes, soit 627.000 piastres pour le premier et f.347.000 piastres pour le second. À ces 1.974.000 p. il convient d’ajouter pour parfaire la somme de 2.186.000 piastres, montant exact de la différence entre le budget de 1901 et celui de 1900, des accroissements de crédits prévus pour la plupart des grands services de la colonie qui, créés depuis peu, ne sont pas encore dotés de toutes les ressources nécessaires à leur bon fonctionnement, et pour l’organisation administrative de Konang-tchéou-ouan.

Pour faire face à ces augmentations de dépenses, l’administration compte principalement sur les plus-values résultant du fonctionnement du régime fiscal actuel, sur les progrès du mouvement commercial et de la consommation locale. À ces causes normales, pourrait-on dire, d’accroissement de recettes, viendront s’en ajouter quelques-unes ayant un caractère un peu plus exceptionnel. C’est ainsi que l’expiration du contrat de M. de Saint-Mathurin avec le protectorat de l’Annam va permettre d’étendre à ce dernier pays ce système de la vente de l’opium en régie directe qui donne de si beaux bénéfices dans le reste de l’Indo-Chine ; l’on compte de ce chef sur une notable plus-value. Ajoutons que l’unification du régime fiscal de l’enregistrement et du timbre, unification effectuée en novembre dernier, produira probablement une plus-value de 200.000 piastres.

Il est une question qu’il convient de se poser en terminant cet aperçu des ressources et des charges du budget de 1901. Ce budget, tel qu’il nous est présenté, est-il équilibré autrement que par un de ces jeux d’écriture au moyen desquels tous les budgets du monde offrent toujours une apparence