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Page:Bulletin du Comité de l'Asie française, numéro 1, avril 1901.pdf/46

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BULLETIN DU COMITÉ

coup le rendement des impòts ordinaire : il a dou- ble depuis cinq ans. A l'heure actuelle, les princi- pales sources de recettes sont les suivantes : iinpot foncier 46.564.000 yen; impòt sur le reve- nu, 5.618.000; patentes, 6.142.000; taxe du saké (alcool de riz, 55.001.000; douanes, 15.628.000; postes et télégraphes, 24.666.000; chemins de fer de l'Etat, 3.170.000; monopole des tabacs, 9.542.000. Sans doute, les impôts ont été fort habilement répartis de manière à nuire aussi peu que pos- sible à la production du pays, et une bonne part des sommes qu'ils ont données sont allées non aux dépenses militaires, mais à des dépenses pro- ductives. Mais il n'en est pas moins clair qu'il faut s'arrèter. L'état économique du pays n'est pas très brillant. Les importations dépassent large- ment et régulièrement les exportations, et la néces- sité de faire venir du dehors tout l'outillage d'une industrie naissante ne suffit pas à expliquer cette différence. En outre, les conditions de la vie se modifient. Les prix des objets nécessaires ont beau- coup augmenté, souvent de 40 à 100 %. IL'indus- trie ne trouve plus la main-d'aruvre prodigieuse- ment économique qui devait, au début, assurer d'énormes bénéfices. L'essor industriel tend done à étre moins rapide, d'autant que le Japon n'a plus de capital liquide. Il n'en avait pas.une très grande quantité et il l'a, à l'heure actuelle, em- ployé entièrement et immobilisé. Et le Japon n'aime pas à s'adresser aux capitalistes étrangers. Si done les dépenses augmentaient encore beau- coup, les revenus, la richesse nationale ne les suivraient sans doute plus dans leur marche ascendante. Si le Japon faisait une grande guerre, il risquerait de se frouver, faute de réserves, en proie à une profonde détresse financière. Il est vrai des alliés éventuels pourraient l'aider. Mais que dans quelles conditions ? Il se trouverait sans doute ensuite avoir une dette extérieure, ce qu'il redoute par dessus tout. Et puis, son crédit n'est pas très assuré, son essai d'un petit emprunt, tenté l'an dernier sur le marché de Londres, n'a pas été très encourageant. Les hommes d'Etat japonais ont done de bonnes raisons de désirer éviter à leur pays une aventure prématurée, d'au- tant que la Russie a grand soin de se montrer prudente sur le terrain sur lequel ils devraient se montrer intraitables : la Corée. On estime que le L'industrie du charbon. Japon produit annuellement 4 millions de tonnes de charbon, dont les trois quarts fournis de Kiou-siou. En 1899 l'exportation a été de 2 millions et demi de tonnes. La Chine a pris 949.000 tonnes et Hong-Kong 660.000 tonnes. Mais l'exportation japonaise va beancoup plus loin, elle a fourni 300.000 tonnes aux établisse- ments anglais du détroit de Malacca et mème à l'Inde. A l'intérieur, le charbon n'est demandé que pour les usines, les chemins de fer et la navigation, car la consommation domestique est insignifiante. par l'ile


ASIE RUSSE Le nouveaugouverneur général du Turkes- tan.- Cette haute fonction vient d'étre confiée au lieutenant général Nicolas Alexandrovitch Ivanov. Legénéral Ivanov a fait au Turkestan toute sa car- rière militaire. A la sortie de l'école d'artillerie, il avait été nommé officier dans une batterie montée de l'armée cosaque d'Orenbourg. Il commenca à faire campagne en Asie, en 1864, aux còtés du com- mandant de la ligne du Syr-Daria, l'illustre Techer- naief. II prit part sous ses ordres à la con- du Turkestan, de Tehimkent, et enfin à l'assaut de Tachkent en 1865. Tehernaief avait pris en affection le jeune officier, au point de lui confier les fonctions de chef d'état-major. M. A. Ivanov remplit ensuite des fonctions admi- nistratives jusqu'en 1873. Il prit alors part à l'expédition contre Khiva, où il fut deux fois blessé. A la fin de la campagne, il recut le commandement du nouveau district de lAmou- Daria; puis, de fonetion en fonction, il arriva à etre gouverneur militaire de la province du Fergana. II prit sa retraite en 1889, et resta étranger aux affai- res jusqu'en 1898, année où il fut nommé adjoint au gouverneur général du Turkestan, qu'il rem- place aujourd'hui. Il a pris part, comme on le voit, à la glorieuse série de guerres qui ont donné aux Russes tout ce pays. Il est un des conquérants, un des ouvriers de la première heure. Il est vrai que depuis lors les circonstances ont bien changé. Pendant qu'il était gouverneur de l'Amou-Daria, on avait coutume de laisser à chaque officier, dans ses rapports avec ses administrés, une extrème liberté Depuis deux ou trois ans, cette liberté a complètement disparu. L'ordre de choses patriar- cal d'autrefois a été remplacé par un régime plus rigoureux. Il est très difficile d'être renseigné exacte- ment sur l'état intérieur du Turkestan. Tout ce qu'on en sait est qu'il est assez troublé. En 1898, une révolte sérieuse s'est produite dans le Fer- gana. Elle était, parail-il, d'origine religieuse. C'élait une sorte de guerre sainte des musulmans, qui se disaient opprimés dans leur conscience par les Russes. Il parait également non seulement que l'islamisme reste très vigoureux dans le Tur- kestan, mais qu'il fait de grands progrès dans la région des steppes, et qu'il étend ses conquètes sans cesse agrandies dans la direction de lOural. Quoi qu'il en soit de ces affirmations, il est cer- tain que la tàche du nouveau gouverneur général est délicate, et qu'il faudra toute son expérience pour accommoder ses fonctions aux exigences du temps, aux conditions locales et à l'état des indi- gènes. Les résultats actuels du Transsibérien. - Quand la construction du chemin de fer transsibé- rien a commencé,on a pu se poser un certain nombre de questions, qui ne sont pas toutes résolues. C'est ainsi qu'il serait très prématuré d'affirmer que le chemin de fer jouera un rôle sérieux dans le com- merce international, et qu'il deviendra le véhicule