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BULLETIN DU COMITÉ

d’un aussi vaste réseau, dont la longueur approche de 4.000 kilomètres et dont la construction eût entraîné une dépense de 400 à 500 millions. Il fallait proportionner l’effort aux possibilités financières de la colonie et, suivant un conseil fameux, sérier les questions ». On a donc dressé comme un tableau d’urgence, et l’on a décidé de commencer par les lignes qui paraissaient les plus importantes, soit au total 16 à 1.700 kilomètres de voie ferrée. Mais il fallait pour ce premier réseau, même ainsi réduit, 200 millions environ. Un emprunt de cette importance représente une annuité de 8 à 9 millions de francs et il ne paraissait pas possible de grever le budget de la colonie de charges annuelles plus considérables.

Sur ces entrefaites, le gouvernement chinois nous avait accordé, par la convention du 10 avril 1898, la concession d’un chemin de fer de pénétration au Yun-nan. Mais cette ligne, qui devait relier Lao-kay sur le fleuve Rouge à Yun-nan-sen, devant être établie sur territoire chinois, on ne pouvait songer à la faire construire par le gouvernement général, pour des raisons qu’il est inutile de développer. Il fut donc décidé que la concession en serait rétrocédée à une compagnie à laquelle la colonie accorderait une garantie d’intérêts. L’Indo-Chine sollicita donc du Parlement, en même temps que l’autorisation de contracter un emprunt de 200 millions pour construire 1.600 kilomètres de chemins de fer sur son

propre territoire, l’autorisation de garantir à une compagnie les intérêts de la somme nécessaire à l’établissement de la voie du Yunnan dont le coût a été évalué à 70 millions de francs pour 468 kilomètres environ.

La loi du 25 décembre 1898, votée sur la proposition de M. Guillain, alors ministre des colonies, a autorisé le gouvernement général à réaliser, par voie d’emprunt, une somme de 200.000.000 francs, remboursable en soixante-quinze ans au plus. Le projet du gouvernement proposait d’accorder à la colonie la garantie de l’État, afin de lui permettre d’emprunter à de meilleures conditions. Le Parlement, dans le but d’encourager la bonne gestion des finances de l’Indo-Chine et de s’y intéresser, a été d’un avis opposé. Il s’est borné à garantir subsidiairement les sommes que la colonie pour. rait être amenée à verser à la compagnie concessionnaire du chemin de fer du Yun-nan, dans les conditions que nous venons d’indiquer.

Lors de la discussion du projet de loi relatif aux chemins de fer de l’Indo-Chine, la Chambre des députés manifesta la crainte que la colonie ne fût entraînée à entreprendre des travaux dont le coût aurait dépassé ses propres ressources et ne se trouvât ainsi amenée à faire, par la suite, appel au budget de la métropole pour combler les déficits