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le portail du centre. Là, le plan d’élévation est partagé en deux ordres, dont l’un comprend la moitié de la façade, entre le stylobate et une corniche que soutiennent des modillons à têtes saillantes d’hommes et d’animaux. Cet espace inférieur est vide et laisse l’appareil entièrement nu. Cette corniche est ornementée à gauche d’entrelacs et de perles ; à droite, les perles se mêlent à des moulures flabelliformes également enlacées, et dont la reproduction, commune dans le Poitou, est rare dans les provinces limitrophes. Dans l’ordre supérieur, saillit une arcade plein cintre qui en occupe toute l’étendue ; sa surface, que décorent des palmettes, s’encadre dans une archivolte à enroulements délicats, toujours entrelacés. Un double tailloir, épais et uni, reçoit cette double retombée, et porte sur de petites colonnes trapues, appliquées à des jambages sans ornements, et dont les chapiteaux, en cône renversé, se divisent en deux portions égales et simulent, l’un des feuilles grasses, l’autre des crochets. Le tympan avait été destiné à reproduire un de ces faits architectoniques multipliés dans notre contrée, et dont l’explication a maintes fois préoccupé les antiquaires ; il sert comme de niche à une statue équestre dont on n’a plus que les débris du cheval. En un mot, ces deux appendices du portail se ressemblent presque entièrement par leurs motifs. La partie supérieure de cette façade, où devait être l’oculus ou la fenêtre, n’existe plus, et celle que je viens de décrire s’arrête à une seconde corniche qui règne, sans modillons, sur toute la ligne horizontale de l’édifice, en moulures très-bien refouillées.

D’autres vestiges du monument, dispersés sur le sol qui l’entoure, font regretter l’état de ruine où il se trouve. Des chapiteaux historiés, des bas-reliefs, conservent des scènes élégamment sculptées de l’Ancien et du Nouveau Testament : Satan terrassé par saint Michel, l’entrée du Sauveur à Jérusalem, sont d’un faire très-soigné ; le sacrifice d’Abraham est fort original par les détails du fait et la pose des personnages.

Tels sont les souvenirs qui nous restent de ce joli temple, au front duquel l’art de nos pères avait écrit si admirablement le témoignage de leur habileté.