Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/32

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enduit en dedans d’une couche parfaitement caractérisée d’un vernis plombique. On a trouvé dans les jardins, au nord de l’Hôtel-Dieu, des tombeaux gallo-romains formés avec de grandes briques plates qui, reliées les unes aux autres, donnaient des cavités remplies de chaux. On a trouvé aussi des poteries grossières grises et rougeâtres : amphores, plats, patères, et en 1862, derrière l’ancien mur gallo-romain, dans le jardin de Coniac, une grande jarre, — 59 centimètres de diamètre — qui chez les Romains a dû servir, sous le nom de dolium ; à contenir du vin, de l’huile ou quelque autre liquide qu’on transvasait dans des amphores (voir le Catalogue du Musée de Rennes, no  416). On a trouvé encore des lampes, dont une porte sur le dessus le chrisme en relief (voir le même Catalogue, no  407). On a trouvé des fioles à parfums pour les tombeaux ; ces fioles, sans lustre, sont, pour la forme, semblables à celles en verre, que l’on appelle à tort fioles lacrymatoires. On a trouvé, enfin, de nombreuses statuettes d’un travail assez grossier et sans couverte ; ce sont presque toujours des Vénus Anadyoméne, type très-populaire dans l’Ouest de la Gaule, et des figures non moins populaires de Latoue, assise dans une sorte de fauteuil comme tressé en nattes d’osier, et qui, emblème de la fécondité, presse sur sa poitrine ses deux enfants jumeaux, Apollon et Diane. Ces statuettes sont formées de deux demi-bosses moulées séparément et réunies ensuite par le collage des bords avant d’être soumises à la cuisson.

(2) Faut-il se féliciter du succès de l’influence étrangère, faut-il s’en plaindre ? Il sera permis, toutefois, de remarquer que la France avait été, au xiiie siècle, à la tête de la civilisation, par l’influence de sa littérature et de sa poésie sur les autres peuples de l’Europe, comme aussi par sa supériorité artistique, dont les preuves nous restent dans ces splendides cathédrales, — véritables poèmes de pierre, — éclairées par leurs magnifiques verrières et toutes peuplées de statues, durit quelques-unes, surtout à Chartres, à Reims et à Paris, sont de véritables chefs-d’œuvre. Dante a signalé dans ses vers l’avantage qu’avaient, au xive siècle, sur ceux des autres pays, les artistes parisiens, pour les ouvrages d’enluminure, et plusieurs de ces beaux livres d’heures, remplis de brillantes peintures, et qui étaient, souvent toute la bibliothèque d’une famille, pour laquelle ils formaient en même temps un musée intime, sont venus aussi jusqu’à nous.

Lorsque les guerres et les malheurs publics nous enlevèrent la suprématie, dont hérita l’Italie, nos artistes conservèrent encore sur elle la supériorité pour quelques industries d’art importantes, celles des verrières, des émaux et des tapisseries particulièrement.

Il faut reconnaître aussi que lors de la venue des artistes italiens en