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Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/429

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privé de l’amour de Dieu, ne doit pas être un objet de scandale, et si votre cœur éprouvait quelque émotion à ce sujet, ce devrait être un sentiment de joie, et non de regret. »

Quant à Hildebert du Mans, il renoua bien vite aussi les liens d’une amitié fondée sur une mutuelle estime, et qui dura autant que la vie des deux illustres prélats.

C’est à Hildehert que Marhode dédia son poème philosophique Des dix Chapitres, écrit, nous apprend-il lui-même, alors que le poëte avait atteint sa soixante-septième l’année. Et Hildebert répondait Marbode : « O vous, mon cœur, ma gloire, les délices des rois, la grâce des princes, l’ornement du clergé, l’amour des peuples, le modèle de la vertu, le miroir de la grâce divine, le type de la foi ferme et sincère, l’Orphée de notre temps, prenez notre lyre et faites résonner les plus doux accords. »

Telle fut, en réalité, la vie toute pieuse et toute littéraire de Marbode. Si les chartes contemporaines nous le montrent, comme évêque, mêlé à toutes les grandes affaires de son temps, le lettré prédomine toujours, et c’est le lettré qui nous attire et qui nous retient. Lui-même, il voulut mourir dans un sanctuaire où la piété et les lettres occuperaient seules toutes ses pensées, et déposant volontairement la charge de l’épiscopat, il vint se retirer dans le monastère de Saint-Aubin d’Angers, où il vécut pendant trois ans, sous le froc bénédictin.

Le 11 septembre 1123, il expirait sur un lit de cendres, au milieu du chœur de la basilique abbatiale. Il fut inhumé dans cette dévote église, qu’un artiste nommé Foulques venait de décorer de magnifiques fresques, dont on peut encore admirer aujourdfhtii quelques débris. Ainsi, la peinture entourait de splendeurs la tombe du poëte qui passait à bon droit pour le premier de son temps et de son pays.

La gloire littéraire de Marbode ne fut pas ensevelie avec