Page:Bulletins d'arboriculture de floriculture et de culture potagère, 1872.djvu/191

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ces réclamations, le jury ordonna une enquête ; deux de ses membres furent chargés de se rendre à Jollain pour vérifier les faits, et leur rapport fut la confirmation du dire de M.  Rabot. Le jury croyant avoir été trompé par Alexandre Delannoy, qui, en s’attribuant un gain qui n’était pas de lui, s’était fait décerner la médaille et avait ainsi trompé la Société, décida que son nom serait biffé des registres et que la poire porterait le nom de son véritable obtenteur : Beurré Dilly. Toutefois, dans l’intérêt de la vérité, les renseignements que nous avons reçus de la famille Dilly nous obligent de déclarer que ce n’est pas à son insu ni avec mauvaise foi que Delannoy avait cru pouvoir substituer son nom à celui du véritable obtenteur.

Appelé par le Cercle d’Arboriculture à faire une notice sur cet excellent fruit, nous nous sommes rendu à Jollain et nous avons trouvé le pied mère dans un magnifique état de prospérité dans l’ancien jardin Dilly, occupé actuellement par son petit-fils. Il résulte des renseignements que nous avons obtenus que c’est en 1822 qu’Antoine Dilly songea à faire quelques semis de poiriers ; un pépin s’était égaré dans la haie ; il devint un sujet vigoureux et c’est grâce à cette situation qu’il ne fut pas déplanté. Plus tard cependant cet arbre ne se mettant pas à fruit à cause de sa rusticité, Dilly jugea à propos de le faire greffer ; heureusement la greffe manqua et un scion vigoureux vint former une nouvelle tête à l’arbre. En 1810, Dilly se promenant dans son jardin vit quelques poires tombées dans le gazon, il les dégusta et fut frappé de la bonté du fruit produit par ce sauvageon. À partir de ce moment, il ne fut plus question de le greffer ! En effet, l’arbre se mit rapidement à fruit et, quelques années après, Dilly en vendit 1500 pour une valeur de 75 francs en conservant 600 pour sa consommation. Nous citons ce fait pour prouver combien nous avons eu raison d’indiquer ce fruit comme une des plus précieuses poires de verger.

La relation des faits que nous venons de rapporter démontre à l’évidence la véritable origine du Beurré Dilly ; il ne peut plus y avoir l’ombre d’un doute à cet égard. Nous enga-