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lequel il annonce que cet acide se transforme en acide picramique sous l’influence du cyanure de potassium. La réaction du cyanure de potassium sur l’acide picrique a été observée pour la première fois par M. Schlieper : c’est sur l’invitation de ce chimiste que j’en ai entrepris l’étude. J’ai reconnu bientôt que le produit qui prend naissance n’est pas de l’acide picramique, comme le dit M. Carey Lea, mais bien un corps nouveau, restant combiné au potassium du cyanure employé.

En présence d’une solution concentrée d’un cyanure alcalin, l’acide picrique est vivement attaqué ; il se développe considérablement de chaleur ; le mélange devient rouge brun, s’épaissit et finit par dégager de l’ammoniaque.

Si, au contraire, le cyanure est en solution diluée, la réaction s’accomplit encore, mais cette fois-ci sans dégagement appréciable de chaleur. Le liquide rougit et dépose, au bout de 12 heures, un précipité rouge, volumineux, formé de petites aiguilles microscopiques. Ce précipité cristallin constitue le nouveau corps en question.

Pour l’obtenir toujours identique à lui-même, voici les conditions que je crois les plus convenables : on dissout un équivalent de picrate de soude dans quarante fois son poids d’eau, et on y ajoute une solution d’au moins trois équivalents de cyanure de potassium. Le liquide, qui se remplit immédiatement de petits cristaux de picrate de potasse, rougit après quelques minutes, et fournit, après 12 heures de dépôt, un volumineux précipité rouge et cristallin. Ce corps, insoluble dans une solution de cyanure de potassium, se dissout un peu dans l’eau, surtout à chaud, et s’en sépare, par le refroidissement, sous la