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Page:Bulletins de la Société d'anthropologie, Tome 8, 4è série, 1897.djvu/493

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G. DE MORTILLET. — L’ATLANTIDE

direction du nord-ouest. En effet, les deux continents devaient être réunis dans cette direction. Cette jonction, comme celle de la France et de l’Angleterre, est très bien mise en évidence, par les rapports de flore et de faune. Plantes et animaux du nord de l’Amérique et de l’Europe ont de grandes analogies. Cette jonction doit remonter fort haut. Dès le milieu du tertiaire, nous voyons, l’influence du Nouveau Continent se faire vivement sentir sur le développement progressif de la végétation de l’Ancien Continent. Pendant le tertiaire supérieur nous voyons les genres mastodonte et éléphant passer d’Europe en Amérique. Plus tard, pendant la période froide du quaternaire ancien moyen, ce sont les mammifères d’Amérique qui passent en Europe.

Enfin, le renne, à la fin du quaternaire ancien, passe en Amérique, avec des hommes de la race de Laugerie et, ils s’établissent dans le Groënland. Mais ces mouvements variés ont dû se produire pendant un laps de temps immensément long. En effet, ces extensions d’habitat ne sont pas seulement prouvées par des animaux aux allures rapides, mais aussi par d’autres aux allures des plus lentes : telles que les coquilles terrestres, de toute petite dimension, parmi lesquelles on peut citer en fait d’Hélix des formes du type rotundata et d’autres plus exiguës, entre autres du type pulchella.

Entre ce passage bien constaté et le passage qui n’a jamais existé, joignant l’Amérique du Sud à l’Afrique Australe, l’auteur de l’Atlantide et le Renne, suppose un autre passage intermédiaire, à double ramification, qui « aurait, depuis la Péninsule Ibérique, joint l’Europe à l’Amérique Septentrionale par les Açores et à l’Amérique Centrale par les Antilles. » C’est un rêve, une conception de pure imagination, comme on peut facilement l’établir par des observations certaines et des faits bien étudiés.

L’auteur de L’Atlantide et le Renne, pour appuyer sa conception, ne cite que le grand développement des assises tertiaires d’eau douce d’Espagne, assises qui paraissent justifier l’existence de vastes terres dans la direction du nord-ouest. Mais il s’agit là d’un phénomène tertiaire et non point quaternaire, nous n’avons donc pas à nous en occuper. Évidemment la distribution des terres et des mers a beaucoup varié pendant les temps géologiques. La recherche de ces variations fort importante au point de vue scientifique, est tout à fait étrangère au sujet qui nous occupe. Il n’y a donc pas à la faire intervenir ici. Du reste Georges Hervé,