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21 OCTOBRE 1897

tres, l’un au Nord, l’autre au Sud, ou bien qu’il ait été seulement le prolongement de celui du Nord, peu importe ; rien n’est à changer de ce chef aux conclusions soumises à tous ceux que le sujet intéresse. Si, comme il n’est pas téméraire de le croire, les faits ont entre eux une étroite relation, la soudure européo-américaine aurait encore été vue par nos Magdaléniens.

À l’appui du système d’une destruction commencée très loin, dans une très haute antiquité, on a pu citer l’action encore survivante qui fait perdre annuellement quinze hectares à la France sur les côtes de l’Aquitaine et de l’Armorique.

À l’appui du système d’une interposition continentale qui a longtemps retardé le changement de notre climat, on peut citer le rôle analogue de la Norvège, de la Suède et de la Laponie vis-à-vis des régions russes situées au delà de la Finlande.

Le mot « Atlantide » semble ne rien avoir de choquant pour la science ; on dira, si l’on veut, « intercontinent » ou « pont atlantique » ; le sens est le même exactement et personne n’est obligé d’ajouter foi aux « rêveries » des historiens grecs[1].

Mais ce qui mérite assurément d’être retenu et d’être rangé parmi les éléments utiles à l’étude de la question, c’est l’argument zoologique tiré du renne, de nature à confirmer sans doute l’existence d’une « atlantide » et à déterminer la date de son effondrement de notre côté de l’Océan, vers la fin de l’époque de la Madeleine[2].

Le raisonnement donne parfois une opportune direction aux recherches scientifiques.

  1. Voyez V. Lemoine, in Revue scientifique, 1893, p. 699 : « Voici qu’une hypothèse qu’on avait cru devoir abandonner, — voici que l’existence de l’Atlantide, cette terre mystérieuse des anciens géographes, prend une probabilité de plus en plus grande. Les animaux anciens du sol de la Champagne n’ont de formes analogues qu’en Amérique et cela à tel point que certains grands fleuves du Nouveau-Monde contiennent encore plusieurs de nos poissons fossiles. J’ai pu décrire la plus ancienne vigne fossile connue jusqu’ici, elle est du type américain ».
  2. « Retour du climat doux et humide : — Si les grands bouleversements dont l’Atlantique a été le théâtre peuvent fournir le principe d’une explication des phénomènes glaciaires et de leur périodicité, il reste à justifier le retour, dans nos contrées, d’un climat doux et humide, après la phase du froid sec de l’âge du renne……

    Ainsi la formation du Gulf-Stream est un phénomène très moderne, et il n’y a pas lieu de s’étonner si le climat actuel, qui en dépend à un très haut degré, n’a pu s’établir qu’à l’aurore de l’époque néolithique ». (De Lapparent, Traité de géologie, 3e édit., pp. 1393, 1394).