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Page:Bulletins de la classe des lettres et des sciences morales et politiques, 1919.djvu/15

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Nous saluons aussi nos confrères Paul Fredericq et le P. Delehaye : le premier, déporté en Allemagne pour avoir résisté aux machinations de l’ennemi contre l’Université de Gand ; le second, condamné à douze ans de travaux forcés pour avoir inspiré de son patriotisme l’un de ces nobles petits journaux clandestins qui, durant l’occupation, furent les seuls interprètes de la Nation.

Messieurs, nous reprenons enfin nos travaux après quatre ans et demi de silence, dans un pays jonché de ruines. Nous n’avons pas échappé au sort commun. Notre vieux Palais des Académies a été envahi par l’ennemi, nous en avons été chassés, et obligés de réfugier dans une salle de la Bibliothèque royale ce que nous avons pu sauver de nos archives, et d’y abriter notre Secrétariat. De séances régulières, il ne pouvait plus être question. Siéger sous l’œil et avec la complaisance de l’ennemi, c’eût été pour ainsi dire reconnaître son attentat. Pouvions-nous, nous dont le Roi est Protecteur, demander l’autorisation de nous réunir à des von Bissing ou à des von Falkenhausen ? Nous nous sommes tus, nous contentant de nous réunir, les uns à Bruxelles, les autres à Gand ou à Liège, en des séances familières où l’on s’entretenait de l’avenir et du jour, enfin arrivé, où l’Académie se ranimerait dans l’indépendance reconquise, et pour le service de la Patrie. Durant quatre ans et demi, nous avons attendu. Nous avons attendu avec courage, mais avec combien de tristesse ! Que de pertes à déplorer ! Les angoisses patriotiques, la misère du temps, les deuils privés, chez beaucoup d’entre nous, chez beaucoup des meilleurs, ont eu raison de la résistance physique. Nous avons eu successivement à déplorer la perte dans la Section d’histoire et des lettres de MM. Godefroid Kurth, Ernest Discailles, Henri Francotte, Henri Lonchay, le baron de Borchgrave ; dans la Section des sciences morales et politiques, de MM. Mesdagh de ter Kiele, Victor Brants, Émile Waxweiler.

Nous aurons à rendre plus tard à ces chers morts le tribut