Page:Bulteau - Les Pierres du chemin, chronique parue dans Le Figaro (Supplément littéraire) du 11 mai 1907.djvu/15

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On voudrait s’arrêter à chaque pas, car à chaque pas il y a quelque belle pensée à recueillir. On voudrait s’arrêter devant cette marine où flottent des têtes de bestiaux, car c’est les Moutons de Panurge, et devant cette perruque, ce dos, cette main et ces deux couronnes ; de lauriers, car c’est Dante et Virgile regardant passer les adultères et devant ce tigre qui, tout en marchant sur un étang parmi des nénuphars, croque un paon empaillé, et devant cette pauvre femme dont les cinq enfants en haillons contemplent avec désespoir deux petits riches qui donnent insoucieusement du pain aux moineaux, — touchante et curieuse leçon qui nous est offerte là — On voudrait s’arrêter devant toutes les grèves tragiques, tous les cambrioleurs, tous les pirates, tous les poètes, devant chaque nouvelle formule de l’humanité donnée par tant de