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un voyage

faubourgs aux environs de la gare, tout de suite une belle avenue de vieux arbres, des jardins, des plantes vives et heureuses. Les fenêtres sont fleuries, certaines façades portent d’un bout à l’autre de leurs corniches des lignes de géraniums. Ailleurs des pétunias d’un violet sombre se mêlent à des pétunias blancs, et les brusques couleurs opposées aux murs gris et bruns déterminent une harmonie qui rend gai comme un tendre accueil. Sur les places un tapis de fleurs, en arabesques compliquées entourent des statues. Des lierres, de molles vignes grimpent et pendent. Un jardin de roses embaume toute la rue, un autre entasse des feuillages. À tout moment on aperçoit entre des bâtisses les masses profondes du parc, et au loin l’ondulation de verdures infinies. Entre les maisons, certains coins où les végétaux s’accumulent ont l’aspect d’un fragment de grand paysage oublié. Il y a des arbres, partout des arbres. Récemment on a rebâti le théâtre. À l’angle du terrain qu’il occupe se trouve un vénérable noyer. On l’a soigneusement protégé. Il est si vieux que ses pesantes branches menacent de se détacher, on a mis des cercles de fer autour des membres las de l’arbre, il demeure.

Pas une rue de Weimar où on puisse tourner la tête sans voir quelque chose qui pousse ou fleurit. Même, quand on regarde d’un point élevé, elle paraît bien plutôt un bois où il y a des maisons, qu’une ville où il y a des arbres. La végétation pénètre, envahit de toutes parts ; d’humides parfums forestiers circulent dans l’air, et les sensations