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dresde

étonné de sa magnificence extraordinaire. Il demanda au roi de Pologne comment il pouvait faire. Le roi Auguste tira un ducat de sa poche et lui dit : « Si vous aviez ce ducat, vous le garderiez, et moi je le donne ; il me revient cinq ou six cents fois dans ma poche ». Le roi Sergent n’avait pas les mêmes idées que le roi Auguste en ce qui touche l’économie ou politique ou domestique, et à l’usage, les idées du roi Sergent ont paru meilleures… On n’est pas sûr que les trente-trois millions de Mühlberg soient « revenus » cinq ou six cent fois. Mais dans ce musée, on ne doute pas un instant qu’ils n’aient été dépensés, eux et bien d’autres… Un moment on s’arrête devant les harnachements de traîneaux posés sur des mannequins de cheval. L’un est inoubliable. La forme de la bête se dissimule sous une carcasse de fer et de bois, c’est un hippogriffe, un animal de rêve, habillé de plumes rouges et de diamants. Auguste II s’entendait à mettre dans ses plaisirs un pittoresque puissant. Ce cheval est prodigieux. Les ardentes plumes pâlies sont d’un rose mort, et les diamants remplacés par du strass, l’image de la réalité ancienne demeure la plus forte. On voit la fantastique créature couleur de sang bondir sur la neige, rejeter les lueurs de ses pierreries au soleil d’hiver, donnant un spectacle merveilleux et insensé.

Il y a parmi les armures et les souvenirs historiques du musée, quelques costumes du xviie siècle : l’un est jaune et tout brodé, l’autre rose tendre, et il y a aussi un pourpoint déchiré. Le pourpoint,