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GAND


J’aime par dessus tout, finir les journées de voyage dans les églises. Vers le soir, je suis venue à Saint–Bavon.

La lumière est d’une finesse extrême. L’élancement de la nef donne envie d’espérer. Quelque chose nage dans l’air, qui a le goût de l’éternel. Rien ne repose si bien le cœur qu’un sanctuaire plein de siècles.

D’abord, je rends mes devoirs au polyptyque de Van Eyck. Quelle autre peinture exprime ainsi le calme des âmes comblées par la « douceur étrange de cette après–midi qui n’a jamais de fin » ! Comme ils sont vraiment arrivés où ils tendaient ces martyrs, ces prophètes, ces vierges, ces patriarches arrêtés dans l’herbe drue où la fontaine de vie fait pousser tant de fleurs !

Mais on ne partage pas la sérénité des saints personnages. On est de mauvaise humeur. Aussi bien n’est-ce pas irritant que des morceaux de cet incomparable tableau soient remplacés par des copies, alors que, — on le sait de reste, — les originaux existent ?

Je rêve au temps où, la concorde régnant sur le