sait, encore qu’il ne le connût pas, et seulement,
sans doute, parce qu’il devinait en lui une totale
absence de vertu et d’inflexibilité. L’histoire des
nations est, comme celle des individus, un drame
fort mêlé de burlesque. Ces candélabres rappellent cela, qu’on oublie volontiers,
dans les moments où on éprouve le besoin d’être lyrique.
Ils disent encore autre chose : que Cromwell fut
un grand homme d’État, un bon patriote, et puis,
qu’il était un peu trop sûr d’avoir raison… Quand
tête à tête avec soi-même on se persuade d’avoir
raison constamment, il arrive que l’œuvre faite ne
dure guère, malgré qu’elle soit belle et paraisse
forte. Bien placés sur les marches de l’autel, mes
candélabres, en racontant leur ironique morceau
d’histoire, me semblent témoigner à leur manière
contre l’esprit de géométrie, en faveur de l’esprit
de souplesse. À cause de cela je les aime.
Il est tard. Je vais partir, mais un frisson court dans l’air : l’orgue !…
De larges phrases défilent, solennelles. Une colère gigantesque tonne, et s’apaise en pitié… L’église est devenue mieux visible. On dirait que l’orgue l’explique en se répandant.
L’immense voix a des sonorités qui se creusent comme la voûte, d’autres sourdes comme les cryptes où les morts sommeillent. Il en est de pareilles aux frêles colonnettes qui montent, pressées d’at-