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EN HOLLANDE


La frontière à peine passée, le paysage change. Qu’il n’y ait pas un peu de Belgique au bord de la Hollande, cela me cause à chaque voyage le même sot étonnement, et la même satisfaction. Ressentir le différent c’est le meilleur de nos plaisirs spirituels. L’impression de grande beauté ne vient que des aspects nettement séparés de tous les autres par un fort caractère individuel. Les rapports qui unissent entre elles toutes les choses doivent être cachés, contraindre l’esprit à un travail de recherche. La ressemblance immédiatement saisissable détruit cette impression de résistance qui nous plait si fort dans les pensées, les œuvres, les lieux de la terre qui ne sont facilement assimilables à aucune autre pensée, à aucune autre ouvre, à nul autre lieu de la terre.

Le paysage de Hollande est lui-même, merveilleusement.

Il pleut, le ciel et les lignes régulières des canaux sont d’un gris délicat, l’herbe est d’un vert éteint. Rien que ces deux couleurs et l’espace. Cette sobriété des tons, ces plaines où rien n’arrête le regard et ne refoule l’esprit sur lui-même commu-