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un voyage

aussi a trouvé qu’il était magnifique. Quand il a eu regardé le lièvre et le chien, — vous avez bien vu que le chien attrape le lièvre ? — quand il les a eu regardés, l’Empereur a dit : « Il le tient ! »

Sur cette parole historique, je quitte le musée. Mais, à la porte, le nain d’Orient se précipite et me serre sur son cœur. Je lui ai donné le pourboire convenable non à un gardien de musée mais à un revenant. Vous penserez qu’il me manifeste ainsi sa reconnaissance ? Moi, je suis sûre qu’il me remercie d’avoir deviné son secret.

Peut-être, si vous allez à Ratisbonne, ne trouverez-vous plus mon nain oriental.

La tête pleine de rêvasseries, je vais voir le pont merveilleux construit vers le milieu du xiie siècle ; puis je descends au bord du Danube et, dans un endroit fort solitaire, je m’assieds sur un banc.

L’étrange chose qu’un grand fleuve ! La rivière, bonne personne chargée de rendre heureux les arbres voisins, de secourir les fleurs, d’aider l’herbe, de désaltérer les grandes bêtes lentes, raconte doucement sa petite histoire. Elle est une ménagère appliquée à sa besogne, artiste à ses heures, et habile à créer des beautés intimes, raisonnable toujours : on la comprend sans peine. Mais un fleuve comme celui-ci, emporté par une hâte furieuse, si pressé de joindre la mer où il mourra ?…

Il va, il va avec rage, émouvant, effrayant comme