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Page:Bulteau - Un voyage.pdf/435

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un voyage

Saint Janvier favorable aux napolitains en découvrant solennellement les fresques qui célébraient sa gloire. Inachevées, elles firent mauvais effet, le pauvre Dominiquin était au désespoir. Le vice-roi, mécontent, songeait à le renvoyer. Toutefois il hésitait encore, mais il fut tiré de son hésitation, car brusquement Dominiquin mourut avec les symptômes les plus nets de l’empoisonnement. La peinture n’était pas un métier de tout repos, dans ce temps et dans ce pays.

On ne trouve pas de joies bien vives à l’Académie des beaux-arts. Elle se glorifie de posséder la Sainte Cécile, de Raphaël, mais cette Sainte Cécile, c’est le tableau le plus ennuyeux du globe. Avec cela, il y a les peintres bolonais, redondants et fadasses tout ensemble, et dont la couleur a mal vieilli. Dans leurs grandes machines, les Carrache, Dominiquin, Guerchin, Guide même, montrent une facilité fatigante, une habileté molle, point d’émotion profonde, et point de goût. Guide, cependant, lorsque, en contact direct avec la nature, il se concentre et fait un « morceau », est un vigoureux peintre. De tout ce que je connais de lui, rien ne m’a autant frappée que le portrait de sa mère, qui est ici : sobre peinture, solide, pleine : et puis quel visage avait cette femme ! Les traits sont droits, d’une fermeté presque dure, la bouche est forte, serrée, secrète ; le regard lourd et volontaire a une énergie un peu