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padoue

Peut-être sa tendresse pour l’ami lutte-t-elle contre le soupçon. Peut-être la peur de cette nuit atroce dure-t-elle en lui. Il ne dit rien. Longtemps, il se taira. Mais il a de la mémoire.

Le marquis, en apprenant la mort de Lucrezia, témoigne une douleur théâtrale, qu’il vainc assez rapidement pour songer à ses propres périls. On veut l’emmener à Padoue. Le Conseil de Dix a envoyé un magistrat pour étudier l’affaire. Il faut que Pio voie le magistrat. Pio s’y refuse tout net. Ses ennemis ont massacré Lucrezia, maintenant ils s’en prendront à lui ! Mais, le comte Sambonifacio qui, par pitié de son malheur, est venu le rejoindre, dit : « C’est une affaire délicate pour un mari, que l’assassinat de sa femme… d’autant plus que certains vous accusent de la mort de Lucrezia ». Et se tournant vers Pavanello qui écoute en silence : « N’est-il pas vrai ? » ajoute-t-il. Pavanello convient qu’un tel bruit court en effet, et le marquis décide de rentrer à Padoue.

Le peuple ne partage pas son opinion. La ville entière assiste aux funérailles de Lucrezia, et personne dans cette foule n’admet que l’assassin soit un ennemi. C’est un amoureux, et la marquise est morte en défendant sa vertu.

On arrête quatre de ces fameux « ennemis » et quelques domestiques. Leur innocence éclate. On les relâche tous. Pourtant on condamne un servi-