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un voyage

jours la torture, on n’obtient de lui aucun aveu. D’ailleurs, les juges ne lui étaient pas hostiles, l’un d’eux, lui dit à mi-voix : « Ne crains rien, Pavanello, Dieu t’aidera. » Le Conseil des Dix ne tenait pas à ce que Pavanello fût l’assassin de Lucrezia. Il y tenait si peu que Pavanello fut acquitté.

Il disparaît pendant six ans, Après quoi, chose incroyable, il revient à Padoue, s’installe chez sa mère, et vit tranquillement, Pense-t-il que les Obizzi ont oublié ? Sent-il sur lui quelque haute protection qui le rassure ? Revient-il chercher la trace de son amour et de son crime ?… Il revient ! Et les Obizzi l’apprennent promptement, Pio habite Ferrare ; il se garde de bouger. Mais Ferdinand, le petit garçon qui, derrière la porte close, a entendu les cris de sa mère à l’agonie, ce petit garçon a vingt-deux ans : il se rappelle.

Il prend quatre bravi, arrive à Padoue, se cache et guette. Pavanello sort peu, sinon pour aller aux églises, à Saint-Antoine surtout. — À Saint-Antoine où est la tombe de Lucrezia. — Il sort de là certain jour, et, sans le voir, passe tout près de Ferdinand, embusqué avec sa bande. À peine a-t-il passé, tous tirent. Attilio tombe, c’est une mêlée sur son corps. L’attaque est si sauvage qu’un des bravi est tué par les autres. On traîne Attilio dans la poussière ; Ferdinand lui plante son épée dans la gorge, une fois, deux fois, tant de fois que la tête