Page:Bulteau - Un voyage.pdf/490

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
475
padoue

se détache. Sans doute, il songe au coup de rasoir qu’il a vu sur le pauvre cou pâle de sa mère…

Ensuite, laissant là le cadavre, il s’enfuit.

La République voulut poursuivre Pio degl’Obizzi ; mais il protesta hautement qu’il n’avait nulle part à l’affaire. Il ignorait tout, bien tranquille chez lui. On l’y laissa. Il vécut jusqu’à soixante-neuf ans, et d’une manière fort agréable. Car, soit qu’il renonçât à publier des libelles anonymes, ou pour d’autres causes, il se réconcilia chaudement avec tous ses ennemis, eut d’excellents rapports avec le gouvernement de Venise, et enfin mourut, honoré de tous.

Quant à Ferdinand, il alla en Autriche, il fit une glorieuse carrière. Deux empereurs l’honorèrent de leur amitié. On le nomma successivement marquis du Saint-Empire, camérier, conseiller d’État et de guerre, maréchal d’artillerie, gouverneur de Vienne. En 1683, il délivra la ville assiégée par les Turcs. Le petit garçon, épouvanté, qui se cachait sous le lit d’une servante, l’assassin d’Attilio Pavanello, était devenu un héros.

L’année qui précéda sa mort, et, pour la première fois depuis trente ans, il revint à Padoue. Lui aussi, alla prier à Saint-Antoine ou, dans le cloître del Noviziato, reposait l’ami de son enfance, qu’il avait tué, et, dans cette chapelle noire, la mère qu’il croyait avoir vengée. Qu’il avait vengée… Peut-être : sait-on !…