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un voyage

un ange. Et les autres frères, auxquels il en parle, sont sûrs que c’était un ange. Et bientôt, l’un d’eux rencontre au bord d’un fleuve, un admirable jeune homme vêtu comme un voyageur. Et il le reconnaît. C’est le même que, dans sa superbe, frère Élie a mis à la porte. Il demande à l’étranger comment il s’appelle, l’étranger dit : « Mon nom est trop merveilleux pour être connu », et aussitôt il disparaît aux yeux éblouis du bon religieux qui se hâte de porter la nouvelle au couvent : c’était bien un ange !

François fut très heureux parmi ces êtres naïfs qui l’aimaient tant ; plus heureux encore de voir accourir des foules inquiètes qui, ayant ouï sa parole, s’en retournaient apaisées, et vivaient plus saintement. Et parmi ses bonheurs il faut mettre l’amitié adorable de sainte Claire.

Tentée par le renoncement, la belle jeune fille vint vers lui de tout son cœur, et il la reçut de tout son cœur, lui enseigna les joies de la pauvreté, et l’aima infiniment. Puisse l’image que Simone Martini nous a laissé d’elle dans l’église basse d’Assise être ressemblante ! La longue figure en amande est si fine, si pure, les yeux sont si graves et d’une douceur si pénétrante ; la bouche entr’ouverte a tant de calme et de courage ! Noble et jolie créature. On se la représente dans le jardin de son couvent, au sommet de la colline, soignant ses fleurs, et