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de l’été et des fleurs, que de fois la bise viendra glacer sa gaîté ! Que de fois un contact brutal enlèvera la brillante poussière de ses ailes !


CHAPITRE II

Tels sont, d’après un aperçu général, les genres d’éloquence de la chaire, qui conviennent à un auditoire non illettré.
(Polwhele.)

Mistress Leslie, après sa visite au presbytère, s’en était retournée chez elle, et depuis quelques semaines déjà, Éveline se trouvait chez mistress Merton. Ainsi qu’on devait s’y attendre, elle s’était, jusqu’à un certain point, habituée et résignée à son changement de résidence. À vrai dire, elle n’eut pas plutôt franchi le seuil de la maison de mistress Merton qu’elle découvrit, pour la première fois, son importance dans le monde.

Le révérend M. Merton était un homme qui avait le sentiment le plus délicat de toutes les choses relatives à la considération dans le monde. Fils cadet d’un baronnet très-riche (le plus influent représentant du comté), et de la fille d’un pair d’Angleterre riche et de grande famille, M. Merton avait grandi assez près de la noblesse et du pouvoir pour en apprécier tous les avantages. Dans sa jeunesse il avait aimé quelque peu le plaisir ; mais comme son jugement était sain, et que ses passions avaient peu de violence, il s’était bientôt aperçu qu’un jeune homme d’une fortune modeste est un pot de terre qui ne peut pas longtemps cheminer avec les pots de fer des comtes opulents et des dandys dissipateurs. D’ailleurs, on le destinait à l’église, par la raison qu’il y avait dans la famille un des plus beaux bénéfices de l’Angleterre. Il entra donc dans les ordres à vingt-six ans ; il épousa la fille de mistress Leslie qui possédait trente mille livres[1] sterling de dot ; et il fut installé au presbytère

  1. 750, 000 francs.