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SEPTIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

Le docteur Luther dit : « Lorsque je vis que le docteur Gode commençait à compter les saucisses qui pendaient dans sa cheminée, je lui annonçai qu’il ne vivrait plus longtemps. »

J’aurais voulu avoir une copie, en belle écriture ronde, de ce passage des Propos de table, pour la placer sous les yeux de mon père, à son déjeuner, le matin qui précéda cette soirée fatale où l’oncle Jack lui persuada de compter ses saucisses.

Maintenant que je réfléchis, l’oncle Jack suspendit bien ses saucisses dans la cheminée, mais il n’engagea pas mon père à les compter.

À part cette idée vague que la moitié des tomacula suspendus ferait un bon déjeuner pour l’oncle Jack, et que le jeune appétit de Pisistrate dévorerait le reste, mon père ne songea plus aux propriétés nutritives des saucisses, en d’autres termes, aux deux mille livres qui, grâce à M. Tibbets, pendillaient dans la cheminée. Pour ce qui était de son grand ouvrage, mon père ne s’inquiétait que de sa publication, et ne pensait pas aux bénéfices qu’il en pouvait retirer. Je ne dis pas qu’il n’eût pas faim de louanges, mais je suis bien sûr qu’il se moquait des saucisses. Néanmoins c’était déjà un sinistre augure pour Austin Caxton que la seule apparition, la suspension et les oscillations de n’importe quelles saucisses au-dessus de sa tête, lorsque ces saucisses étaient fabriquées par les mains doucereuses de l’oncle Jack. De toutes les saucisses que ce pauvre homme avait accrochées pendant sa vie, soit dans sa