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Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/199

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sortis de l’université d’une manière si brillante que je regardai l’avenir avec assurance.

« Je revins au tranquille séjour de mon père pour songer au sentier que je prendrais pour arriver à la gloire. Le presbytère était au pied de la colline sur le sommet de laquelle on voit les ruines du castel que Roland a acheté depuis. Et quoique je ne me sentisse pas pour les ruines la vénération romanesque de mon frère (car mes rêves de tous les jours revêtaient une nuance plus classique que féodale), cependant j’aimais à gravir la colline, un livre à la main, et à bâtir mes châteaux en l’air, au milieu des débris dont le temps avait jonché le sol.

« En entrant un jour dans la vieille cour où croissaient des ronces et des orties, je vis une dame assise à ma place favorite. Elle croquait les ruines. Cette dame était jeune, plus belle que toutes les femmes que j’avais vues jusqu’alors. En un mot, je fus fasciné, charmé, comme on dit vulgairement, Je m’assis à une petite distance et la contemplai sans désir de parler. D’une autre partie des ruines, alors inhabitées, sortit un grand monsieur âgé, à l’air tout à la fois imposant et bienveillant. Il était accompagné d’un petit chien, qui courut à moi en aboyant, et attira ainsi l’attention de la dame et du monsieur. Ce dernier s’approcha, rappela son chien et me fit des excuses très-polies. Après m’avoir examiné avec curiosité, il commença à me faire quelques questions sur ce vieux castel et sur la famille à laquelle il avait appartenu, et dont il connaissait bien le nom et les antécédents. Il apprit, dans la conversation, que j’étais le descendant de cette famille et le fils cadet de l’humble pasteur qui en était alors le chef. Là-dessus ce monsieur se présenta à moi sous le nom de comte de Rainsforth. C’était le plus riche propriétaire du voisinage ; mais il avait si rarement visité le comté pendant mon enfance et mon adolescence, que je ne l’avais jamais vu. Pourtant son fils unique, un jeune homme de grande espérance, avait été mon camarade de collège durant la première année que j’avais passée à l’université. Ce jeune lord aimait les livres et était fort instruit, et nous nous étions liés un peu avant son départ pour ses voyages.

« En apprenant mon nom, lord Rainsforth me prit cordialement la main, et, me conduisant à sa fille :

« Imaginez-vous, Ellinor, dit-il, combien cette rencontre est