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HUITIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

Ce qui entra dans le grand salon de la maison qu’habitait mon père dans Russell-Street, c’était… une elfe ! une fée vêtue de blanc, petite, délicate… avec des boucles de cheveux noirs comme du jais tombant sur ses épaules ; avec des yeux si grands et si brillants qu’il me semblait impossible que les yeux d’une simple mortelle brillassent d’un éclat pareil à celui que ces yeux-là répandaient dans le salon. L’elfe s’approcha et s’arrêta en face de nous. Cette apparition était si inattendue et si étrange, que nous restâmes quelques instants muets de surprise. Enfin mon père, plus hardi, plus sage et plus en état d’entrer en relations avec les êtres aériens d’un autre monde, eut l’audace de s’avancer jusqu’à la petite créature ; et, se penchant pour regarder son visage, il lui demanda :

« Que voulez-vous, ma jolie enfant ? »

Jolie enfant ! N’était-ce, après tout, qu’une jolie enfant ? Ah ! il serait heureux que toutes celles que nous prenons pour des fées au premier coup d’œil ne fussent en fin de compte que de jolies enfants !

« Venez, répondit l’enfant avec une étrange inflexion de voix, et en saisissant le pan de l’habit de mon père ; venez, mon pauvre papa est si malade ! J’ai bien peur ! venez… et sauvez-le.

— Certainement ! s’écria mon père. Où est mon chapeau, Sisty ?… Certainement, mon enfant, nous allons sauver papa.

— Mais qui est ce papa ? » demanda Pisistrate ; et cette ques-