Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion ne se fût jamais présentée à l’esprit de mon père. Il ne demandait jamais ce qu’étaient les papas malades des pauvres enfants qui venaient le tirer par le pan de son habit. « Qui est ce papa ? »

L’enfant me jeta un regard sévère, et de grosses larmes s’échappèrent de ses grands yeux brillants, mais elle ne répondit pas. En ce moment une grande personne arriva sur le seuil et, lorsqu’elle fut sortie de l’ombre, nous présenta l’aspect d’une jeune femme, forte et de bonne mine. Elle fit une révérence et dit en minaudant :

« Oh ! mademoiselle, vous eussiez dû m’attendre et ne pas effrayer ainsi ces messieurs en montant l’escalier… Pardon, monsieur, j’étais occupée à régler avec le cocher, et il était si insolent ! Ces gens-là sont toujours insolents lorsqu’ils ont affaire à de pauvres femmes, comme nous… et…

— Mais de quoi s’agit-il ? m’écriai-je ; car mon père avait pris l’enfant dans ses bras pour la consoler, et elle pleurait alors, la figure cachée contre sa poitrine.

— Ah ! voilà, monsieur ! » Nouvelle révérence. « Ce monsieur est arrivé hier soir à notre hôtel de l’Agneau, près le pont de Londres, monsieur, et il est tombé malade… et il ne paraît pas tout à fait dans son bon sens ; de sorte que nous avons fait venir le médecin, qui, après avoir examiné la plaque de cuivre du sac de nuit de ce monsieur, et consulté le Court-Guide, nous dit : « Il y a un M. Caxton dans Great-Russell-Street… est-ce un parent ? » Alors cette petite demoiselle répondit : « C’est le frère de mon papa, et c’est chez lui que nous allions. » De sorte que, le garçon étant sorti, j’ai pris un cabriolet, et mademoiselle a voulu venir avec moi, et…

— Roland ! Roland malade ! Vite, vite, vite ! » s’écria mon père, et il descendit l’escalier en courant, portant toujours l’enfant dans ses bras. Je le suivis avec son chapeau, qu’il avait oublié. Heureusement un cabriolet passait devant notre porte ; mais la fille de l’hôtel ne voulut nous y laisser entrer qu’après s’être assurée que ce n’était pas le même qu’elle était renvoyé. Cette investigation préliminaire terminée, nous montâmes et primes le chemin de l’Agneau.

La fille de service, assise en face de nous, passa le temps à faire d’inutiles ouvertures pour débarrasser mon père de la petite fille qui se serrait contre son cœur. Elle nous fit aussi