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CHAPITRE VI.

Le lendemain matin après le déjeuner, je prenais mon chapeau pour sortir, lorsque mon père, me regardant et voyant à mes traits fatigués que je n’avais pas dormi, me dit doucement :

« Mon cher Pisistrate, vous n’avez pas encore essayé mon remède.

— Quel remède ?

— Robert Hall.

— Non vraiment, pas encore, dis-je en souriant.

— Essayez-le, mon fils, avant de sortir. Soyez persuadé que votre promenade vous sera beaucoup plus agréable ensuite. »

J’avoue que je n’obéis pas sans une certaine répugnance. Je retournai à ma chambre et m’assis résolûment à ma tâche.

Y a-t-il parmi vous, mes lecteurs, quelqu’un qui n’ait pas lu la Vie de Robert Hall ? À celui-là je dirai, en me servant des propres termes du grand capitaine Cuttle : Si vous la trouvez, prenez-en connaissance. Quelle que soit votre opinion en théologie, que vous soyez Épiscopal, Presbytérien, Anabaptiste, Pédobaptiste, Indépendant, Quaker, Unitaire, Philosophe, ou Libre-Penseur, procurez-vous Robert Hall ! Oui, s’il existe encore sur la terre des descendants de ces grandes hérésies qui firent tant de bruit dans leurs temps, des hommes qui croient, avec Saturnin, que le monde fut créé par sept anges ; ou avec Basilide, qu’il y a autant de cieux que de jours dans l’année ; ou avec les Nicolaïtes, que les femmes doivent être communes à tous les hommes (cette secte est encore florissante, surtout dans la république rouge) ; ou avec les Gnostiques, leurs successeurs, qu’il faut croire en Jaldaboath ; ou avec les Carpacratiens, que le monde est l’œuvre du diable ; ou avec les Cérinthiens, les Ébionites et les Nazarithes, que la femme de Noé s’appelait Ouria, et qu’elle mit le feu à l’arche ; ou avec les Valentiniens, que trente Æons, siècles ou mondes, naqui-