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vous pouvez vous efforcer de devenir aussi bon que lui. Et si vous vivez, vous le deviendrez, car cette souche n’a jamais produit de mauvais rejeton. Écoutant les petits avec bienveillance et marchant fièrement la tête haute devant les grands, tels vous avez été depuis la sortie de l’arche. Béni soit le vieux nom ! Quoiqu’il ne soit pas accompagné de grandes richesses, il sonne pourtant comme une pièce d’or à l’oreille des pauvres gens.

— Ne voyez-vous pas, me dit Roland lorsque nous eûmes quitté la vieille, ce que nous devons à un nom et ce que nous devons à nos ancêtres ? Ne voyez-vous pas que le plus reculé de nos ancêtres a droit à notre respect, à notre considération… parce qu’il fut un parent ? Honorez vos parents. La loi ne dit pas : « Honorez vos enfants. » Si un enfant nous déshonore, nous et les morts, et notre nom, ce grand héritage de leurs vertus ; s’il… » Roland s’arrêta, puis ajouta avec ferveur : « Mais vous voilà mon héritier à présent. Je n’ai plus de crainte. Qu’importe la douleur d’un vieux fou ? Le nom, cette propriété des générations, le nom est sauf, Dieu merci ! »

J’avais donc le mot de l’énigme ; je comprenais pourquoi, au milieu de la douleur si naturelle à un père qui a perdu son fils, ce noble père était consolé. Il était lui-même moins père que fils… fils de ceux qui étaient morts depuis des siècles. De chacune des tombes où dormait un de ses ancêtres, il entendait sortir la voix d’un père. Il pouvait supporter la perte d’un fils, pourvu que les ancêtres ne fussent pas déshonorés. Roland était plus qu’un demi-Romain ; le fils pouvait bien encore être l’objet de ses affections intimes, mais les lares faisaient partie de sa religion.


CHAPITRE V.

Cependant j’aurais dû travailler ferme et me préparer pour Cambridge. Diable ! comment cela m’eût-il été possible ? Le point de l’éducation académique sur lequel j’avais le plus