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Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/326

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CHAPITRE IV.

La porte de la maison s’était fermée sur M. Squills, après qu’il m’eut promis de venir déjeuner avec moi le lendemain, afin de prendre la voiture devant nos fenêtres. Je restais seul à table, réfléchissant à tout ce que j’avais appris, quand mon père entra.

« Pisistrate, dit-il gravement en regardant autour de lui, votre mère !… supposons le pire… votre premier soin doit être de chercher à lui assurer quelque chose. Nous sommes des hommes, vous et moi ; nous ne manquerons jamais de pain, tant que nous aurons la santé de l’esprit et du corps ; mais une femme… et s’il m’arrivait quelque chose… »

Les lèvres de mon père tremblaient tandis qu’il articulait ces courtes phrases.

« Mon cher et excellent père ! dis-je, pouvant à peine retenir mes larmes, tous les maux, comme vous l’avez dit vous-même, paraissent plus terribles par anticipation. Il est impossible que toute votre fortune y passe ; le journal n’a vécu que quelques semaines, et le premier volume seulement de votre ouvrage est imprimé. D’ailleurs, il doit y avoir d’autres actionnaires qui payeront leur quote-part. Croyez-moi, j’ai bon espoir quant au résultat de mon ambassade. Pour ce qui est de ma pauvre mère, ce n’est pas la perte de la fortune qui la blessera ; soyez persuadé qu’elle y songe peu ; c’est la perte de votre confiance.

— De ma confiance !

— Oh ! oui. Dites-lui toutes vos craintes, toutes vos espérances. Ne souffrez pas qu’une affectueuse pitié l’exclue d’un seul petit coin de votre cœur.

— C’est cela… c’est bien cela, Austin… mon mari, ma joie, mon orgueil, mon âme, mon tout ! » s’écria une douce voix entrecoupée de sanglots.

Ma mère s’était glissée inaperçue derrière nous.