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trouver des jouissances dans les choses les plus simples et les plus à la portée de tout le monde, contre les richesses et la grandeur que ce pauvre jeune homme méritait peut-être d’autant plus qu’il ne les mettait pas au service de ses plaisirs.

« Eh bien ! dit sir Sedley, que pensez-vous de lui ?

— C’est juste l’espèce d’homme que Trévanion aimerait, répondis-je évasivement.

— Vous avez raison, reprit sir Sedley d’un ton sérieux et en me regardant attentivement. Savez-vous donc ?… Mais, non, vous ne pouvez le savoir encore.

— Quoi ?

— Mon cher jeune ami, dit le meilleur et le plus délicat de tous les hommes du monde, en s’éloignant un peu pour ne pas voir l’émotion qu’il causait, lord Castleton va rejoindre les Trévanion à Paris. Le but que lady Ellinor avait à cœur depuis tant d’années est atteint, et notre jolie Fanny sera marquise de Castleton quand son fiancé sera majeur, c’est-à-dire dans six mois. Les deux mères ont tout arrangé entre elles. »

Je ne fis aucune réponse, mais je continuai à regarder par la fenêtre.

« Cette alliance, reprit sir Sedley, était tout ce qui manquait pour assurer la position de Trévanion. Quand le parlement se réunira, il aura quelque grande place. Le pauvre homme ! comme j’aurai pitié de lui ! Je n’ai jamais pu comprendre, continua sir Sedley, pour me donner le temps de me calmer, comment cette maladie qu’on appelle les affaires est devenue si contagieuse dans notre brumeuse Angleterre ! Vous voyez que Trévanion n’est pas seul attaqué de ce fléau dans sa forme la plus dangereuse et la plus compliquée ; mais ce pauvre cher cousin à moi, qui est si jeune (ici sir Sedley poussa un soupir) et qui pourrait si bien s’amuser, est dans un état pire que vous, lorsque Trévanion vous faisait piocher à mort. Sans doute un grand nom et une grande position doivent être une lourde charge pour un esprit consciencieux. Vous voyez combien le sentiment de sa responsabilité a déjà vieilli Castleton ; il a positivement deux grandes rides sous les yeux. Eh bien ! après tout, je l’admire et je respecte son précepteur ; il a soigneusement cultivé un sol que je crois peu profond ; et Castleton, avec l’aide de Trévanion, sera le plus grand homme de la pairie, premier ministre quelque jour, j’en suis sûr… Et,