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soldat ; elles paraissent de provenance étrangère et portent sur les côtés les initiales R. D. C. en clous de cuivre. Nous nous en détournons avec un respect involontaire, et nous rappelons Juba, qui s’est insinué derrière elles à la poursuite de quelque souris imaginaire. Dans l’autre coin se trouve une sorte de berceau d’enfant, évidemment pas un berceau anglais ; il est en bois, sans doute en bois de rose d’Espagne, garni d’une balustrade de colonnes torses. J’aurais à peine reconnu là un berceau, sans le couvre-pied qui semble avoir été fait par des fées, et les petits oreillers proclamant l’usage de ce meuble.

Contre le mur, au-dessus du berceau, étaient arrangés divers petits articles qui avaient peut-être fait autrefois le bonheur d’un cœur d’enfant : des joujoux brisés, dont la peinture avait disparu par suite du frottement ; un sabre et une trompette en fer-blanc, et quelques livres déchirés, espagnols pour la plupart. À en juger par leur format et leur apparence, c’étaient sans doute des livres d’enfant. Près de là, sur le plancher, il y avait un tableau tourné vers la muraille. Juba avait poursuivi jusque derrière cette toile la souris que son imagination s’obstinait à lui présenter, et, au moment où il se retirait brusquement, elle tomba dans mes mains, étendues à temps pour la recevoir. Je tournai la peinture vers le jour, et je fus surpris de voir que ce n’était qu’un vieux portrait de famille, celui d’un gentilhomme qui devait avoir été contemporain d’Élisabeth, car il avait la veste à fleurs et la roide fraise de ce règne. C’était une noble et mâle figure. Dans un angle se trouvait un écusson à demi effacé, au-dessous duquel était cette inscription :

HERBERT DE CAXTON, EQ : AUR : ÆTAT. XXXV.

Au revers de la toile, je remarquai, en replaçant le tableau contre le mur, une étiquette de la main de Roland, mais d’une écriture plus jeune et plus courante que celle qu’il avait alors. Voici ce que j’y lus : « Le meilleur et le plus brave de notre race. Il chargea l’ennemi aux côtés de Sydney, à la bataille de Zutphen ; il combattit sur le vaisseau de Drake contre la flotte espagnole. Si jamais j’ai un… » Le reste de l’étiquette paraissait avoir été arraché.

Je me détournai honteux et plein de remords d’avoir à ce