Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE VI.

Lettre de Pisistrate Caxton à Albert Trévanion, esq.,
membre du Parlement.
Confession d’un jeune homme qui se trouve de trop dans le vieux monde.

Mon cher monsieur Trévanion, — Je vous remercie cordialement, et nous vous remercions tous, de votre réponse à la lettre par laquelle je vous informais des traîtres pièges à travers lesquels nous avons passé, non sans quelques accrocs à notre peau, mais en conservant du moins la vie et les membres ; et c’est plus que nous ne pouvions raisonnablement espérer, si l’on considère que ces pièges étaient au nombre de trois et armés de dents pointues. Nous nous sommes retirés dans le désert, en sages renards, et je ne crois pas qu’on puisse trouver encore une amorce capable de séduire le père renard. Quant au renard fils, c’est différent ; et je vais vous prouver qu’il brûle de réparer la honte de la famille… Ah ! mon cher monsieur Trévanion, si vous êtes absorbé par vos livres bleus, au moment où vous recevrez cette lettre, arrêtez-vous ici, et mettez-la de côté pour un de vos rares instants de loisir. Je veux vous ouvrir mon cœur et vous demander, à vous qui connaissez si bien le monde, de m’aider à m’échapper de ces flammantia moenia dont je trouve le monde entouré et cerné de toutes parts. Car, voyez-vous, monsieur, vous aviez raison, vous et mon père, de prétendre que la vie des livres n’est pas mon affaire. Et pourtant, qu’est-ce que la vie des livres n’est pas pour un jeune homme qui veut faire son chemin par les sentiers ordinaires et conventionnels de la fortune ? Toutes les professions sont tellement doublées, garnies et bourrées de livres, que, de quelque côté que mes bras robustes s’étendent pour agir, ils rencontrent des remparts d’in-octavo, crénelés d’in-quarto. D’abord cette vie de collège commençant par une