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TREIZIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

Dans son ouvrage sur le Sacerdoce, saint Chrysostome, s’appuyant sur plusieurs exemples tirés des Écritures, approuve la supercherie, lorsqu’elle est fondée sur un bon motif. Il finit son premier livre en affirmant qu’elle est souvent nécessaire et que beaucoup de bien peut en résulter ; et il commence le second en disant qu’il ne faut pas l’appeler supercherie, mais bonne politique.

Permettez-moi donc d’appeler bonne politique les innocents artifices que j’ai employés pour faire approuver mon projet par ma famille sans défiance. Je me suis adressé d’abord à Roland. Il m’a été facile de l’engager à lire quelques-uns des livres remplis du charme de la vie australienne, que Trévanion m’a envoyés. Et ces descriptions ont si heureusement flatté ses goûts aventureux et l’homme indépendant et demi-sauvage caché sous la rudesse de sa nature militaire, que lui-même, en quelque sorte, a paru me suggérer mon ardent désir. Il a soupiré, comme le vieux Trévanion, de n’avoir plus mon âge ; et son souffle a volontairement attisé le feu qui me consume. Si bien que finalement, un jour que nous errions au hasard dans les landes sauvages, je lui dis, sachant combien il hait le barreau et les avocats :

« Quel dommage, mon oncle, qu’il ne me reste plus que le barreau ! »

Le capitaine Roland enfonça sa canne dans la tourbe, et s’écria :

« Morbleu, monsieur, comment pouvez-vous parler du bar-